José Filomeno Dos Santos : « La transparence du fonds souverain angolais est un impératif »

Jose Filomeno Dos Santos revient* pour « Jeune Afrique » sur les ambitions et le fonctionnement du Fonds souverain de l’Angola (FDSEA), qu’il dirige depuis 2013.

José Filomeno de Sousa dos Santos dirigeait le fonds souverain de l’Angola. © DR/Youtube

José Filomeno de Sousa dos Santos dirigeait le fonds souverain de l’Angola. © DR/Youtube

Publié le 25 septembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique : Quels sont les principaux objectifs du fond ?

Au fondement de FDSEA, il y a d’abord la volonté de protéger le capital et de maximiser le retour sur investissement mais aussi un engagement à promouvoir le développement économique et social en Angola. Le fonds va investir en Afrique et même au-delà, cependant nous ciblons particulièrement le marché domestique.

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Favoriser la construction d’infrastructures et créer des opportunités pour le peuple angolais est une priorité. Notre vision des investissements est à long terme, avec l’objectif d’obtenir des rendements durables et de jouer un rôle décisif dans le développement du capital humain en Angola. C’est une nécessité pour construire les bases solides d’une économie et c’est essentiel pour améliorer la vie des Angolais.

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Aviez-vous un modèle en tête quand vous avez mis en place ce fond ?

Un fonds souverain est une organisation extrêmement complexe avec de nombreux intervenants, dont les plus importants sont bien sûr les citoyens du pays.

Le FSDEA a passé un temps considérable à évaluer les meilleures pratiques internationales en termes de structure organisationnelle, de stratégie d’investissement, de gestion des risques et enfin de gouvernance. Notre ambition est de devenir une référence pour d’autres fonds souverains dans la région.

Nous avons donc beaucoup échangé avec certaines organisation internationales, que ce soit le FMI, l’Institut des fonds souverains (SWFI) ou encore la Norges Bank [la Banque centrale de Norvège, qui gère aussi les fonds souverains du pays, ndlr]. Cela nous a permis de comprendre l’impératif de mettre en place une politique de gouvernance robuste et totalement transparente.

Nous sommes convaincus que la transparence doit être un des principes directeurs de notre fonds souverain. Ainsi le Conseil d’administration rend chaque trimestre un rapport de son activité au ministère des Finances de l’Angola. Après vérification de la situation financière du Fonds, ses comptes sont insérés dans l’ensemble du budget de l’État, examiné chaque année par le Parlement. Par ailleurs les comptes sont disponibles à l’évaluation du public, via la presse.

Quelle sont les sources de financement ?

Les dotations futures du fonds relèvent d’un compte spécifique du gouvernement à hauteur de 3,65 milliards de dollars par an et qui vise spécifiquement à financer des projets de stabilisation financière.

À la fin de chaque année fiscale, les fonds de la réserve non dépensés sont attribués à la FSDEA. Deloitte, notre auditeur indépendant a d’ailleurs récemment confirmé que le gouvernement de l’Angola a fixé la dotation initiale à 5 milliards de dollars en juin 2014.

Quels sont les investissements et les rendements du Fonds à ce jour ?

Jusqu’à récemment, le Fonds développait progressivement son portefeuille à travers l’acquisition de titres internationaux et d’obligations de première classe à revenus fixes, avec une stratégie de long terme centrée sur l’optimisation des rendements par rapport au risque.

Notre fonds souverain souhaite poser les bases d’un développement social et favoriser des investissements responsables, au service du peuple angolais.

Mais au cours des prochains mois, le FSDEA déploiera environ un tiers de son capital à travers différents véhicules et secteurs en visant principalement les marchés émergents et les marchés frontières.

Ces investissements alternatifs pourront ainsi concerner l’agriculture, l’exploitation minière, les infrastructures et l’immobilier principalement en Angola et ailleurs en Afrique. Ici l’objectif  sera de soutenir une croissance durable tant au niveau national que régional. Le reste du portefeuille sera quant à lui alloué aux opportunités d’investissement à l’échelle mondiale.

Quelles types d’activités développez-vous plus spécifiquement en Angola ?

Notre fonds souverain souhaite poser les bases d’un développement social et favoriser des investissements responsables, au service du peuple angolais. C’est pour cela que nous avons lancé le programme « Future Leaders of Angola »qui vise à la formation d’une main d’œuvre hautement qualifié. Ainsi grâce à cette initiative, on a permis à 45 jeunes angolais d’aller faire leur étude en Suisse.

Ce programme va libérer le potentiel de ces jeunes talents, leur offrir une expérience internationale et des compétences pour trouver un travail en Angola à la fin de l’échange. Au final c’est toute l’économie du pays qui en bénéficiera. Mais ce n’est pas la seule initiative à caractère social que nous avons prise cette année. Notre fonds soutient aussi le lancement d’une école hôtelière qui va répondre aux besoins urgents de compétences locales dans ce secteur en pleine croissance.

* Propos recueillis par courriel et traduits de l’anglais.

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