Angola : inflation, lutte contre la corruption, élections municipales… Ce qu’a dit João Lourenço aux parlementaires
Le président angolais João Lourenço s’est exprimé le 15 octobre devant les députés à l’occasion de la rentrée parlementaire. Conjoncture économique, lutte contre la corruption, organisation des premières élections municipales… Retour sur ses principales annonces.
Après deux mois de vacances, les députés angolais ont fait leur rentrée le lundi 15 octobre, marquée par le discours à la nation du président João Lourenço. Le deuxième depuis sa prise de fonction, en septembre 2017.
Voici ce qu’il fallait retenir.
Une amélioration de la conjoncture prévue pour 2019
Une large place a été réservée à l’économie, fragilisée depuis les chutes des prix du pétrole. S’il a réaffirmé ses engagements pris il y a un an (libéralisation, diversification, augmentation de la production nationale et baisse des importations…), il a surtout innové en donnant le détail des crédits obtenus cette année.
Des prêts qui totalisent 11,2 milliards de dollars et 579 millions d’euros
Une initiative saluée par l’opposition qui dit que, sous José Eduardo dos Santos, ils n’avaient jamais eu accès à ces éléments. « Nous avons mené une campagne diplomatique intense et sans précédent tout au long de l’année », a déclaré João Lourenço, affirmant que « ces prêts totalisent 11,2 milliards de dollars et 579 millions d’euros ». Il a par ailleurs confirmé que le pays était en négociation avec le FMI depuis le mois d’octobre.
Il prévoit une amélioration de la conjoncture pour 2019, dont une inflation mieux maîtrisée. Rappelons que les prix ont flambé de près de 40% entre janvier et juin, sous les effets d’une dévaluation de la monnaie, le Kwanza. Sur ce point, les efforts réalisés semblent avoir produits leurs effets : alors que la différence entre le taux de change officiel et celui pratiqué dans la rue atteignait 150%, celui-ci semble avoir été ramené à 20%.
Lutte « incessante » contre l’émigration illégale
Le président angolais s’est par ailleurs attardé sur le secteur diamantaire, agité ces derniers jours par les expulsions de Congolais dans la province du Lunda-Nord, riche en gemmes. Il a affirmé lutter contre « l’exploitation minière illégale et le commerce illégal de diamants ».
L’émigration illégale liée à l’exploitation minière et au commerce illégal de diamants a atteint des niveaux alarmants
Et a justifié ces expulsions en estimant que « l’émigration illégale liée à l’exploitation minière et au commerce illégal de diamants a atteint des niveaux alarmants dans au moins sept provinces du pays. S’agissant d’une question de sécurité nationale, de défense et de protection de nos ressources naturelles, nous menons une lutte incessante contre ce phénomène qui s’est installé dans notre pays aux yeux de tous, avec la connivence et la protection de nombreuses personnes. »
João Lourenço fonde par ailleurs beaucoup d’espoir sur cette ressource, et a ainsi indiqué qu’ « une nouvelle politique de commercialisation des diamants a été élaborée », avant de rappeler qu’Endiama, la société nationale, « a été restructurée pour devenir une véritable société d’exploitation. »
Traquer les milliards issus de la corruption
Il n’a bien sûr pas mis de côté ce qui lui a donné le surnom de « liquidateur implacable », à savoir la lutte contre la corruption. Il a réaffirmé sa volonté de traquer les milliards. En juin, le Parlement avait voté une grâce pour les Angolais qui rapatrient leurs fonds illégalement placés à l’étranger d’ici décembre.
Tous les mécanismes seront utilisés pour récupérer les ressources dispersées dans le monde entier
« Nous espérons que les personnes concernées profiteront de cette occasion unique, qui ne bénéficiera d’aucune prolongation. Dépassé ce délai, l’État a toute la légitimité nécessaire pour utiliser tous les mécanismes juridiques, policiers et diplomatiques afin de récupérer ces ressources dispersées dans le monde entier », a-t-il prévenu. Il est cependant resté silencieux sur les montants éventuellement déjà récupérés.
>>> À LIRE – Angola – Isabel dos Santos : chronique d’une chute annoncée
Échelonnement des premières municipales entre 2020 et 2030
Côté politique, l’organisation des premières élections municipales de l’histoire du pays, prévue en 2020, occupera largement la prochaine législature. Alors qu’une bataille était en cours sur un possible échelonnement de leur mise en place, João Lourenço a tranché : l’ensemble du territoire sera concerné par ce scrutin local d’ici deux élections, soit dans dix ans, contre 15 ans défendus au départ par le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA, au pouvoir).
L’opposition demandait un scrutin sur tout le territoire dès la première élection, en 2020. Quelles seront les premières municipalités concernées ? Quels seront les critères d’éligibilité ? Comment s’organisera la décentralisation ? Autant de détails qu’il reste encore à régler.
Fermeture des églises non officielles
Enfin, sa décision de fermer les églises « illégales » (non officielles) a été abondamment commentée, et ce à quelques jours d’un grand rassemblement, à Bruxelles, de l’église tocoiste, mouvement religieux né il y a presque soixante-dix ans en RD Congo et très influent dans le pays.
L’État ne tolérera pas l’utilisation des croyances pour extorquer les plus pauvres »
Fervent chrétien, Lourenço a prévenu : « Bien que l’État défende et respecte la liberté de culte, il ne tolérera pas l’utilisation des croyances par des individus sans scrupule qui, sous le couvert de la religion, cherchent à s’enrichir en extorquant des fidèles déjà pauvres, avec de vaines promesses de miracles qui ne se produisent jamais et de pratiques qui portent atteinte à la dignité humaine, à la santé et à la vie des fidèles. (…) Un certain nombre de mesures sont envisagées pour mettre fin à la situation de chaos et de désordre qui règne actuellement ».
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