Agro-alimentaire : la machine de guerre Koutoubia

Avec 75 % de part de marché, le groupe Koutoubia est le leader incontesté de la transformation de viande au royaume. Il s’attaque maintenant à l’export.

Tahar Bimezzagh est le PDG du groupe marocain Koutoubia. DR

Tahar Bimezzagh est le PDG du groupe marocain Koutoubia. DR

Publié le 1 octobre 2014 Lecture : 3 minutes.

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L’histoire de Koutoubia, c’est aussi celle de son PDG, Haj Tahar Bimezzagh, 45 ans, un boucher devenu le roi de la charcuterie au Maroc. À 12 ans, ce natif de Tafraout, une petite bourgade du Souss, gère déjà deux boucheries aux côtés de son père, à Casablanca. À 20 ans, il rachète une petite usine de transformation de viande de volaille à Mohammedia. Son nom : Koutoubia, en référence à la grande mosquée de Marrakech.

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Pourtant, à cette époque, la firme, fondée en 1985 par le Franco-Marocain Mohamed Belghiti Khennoussi, peine à survivre. Ses produits, concurrencés par la charcuterie de contrebande venant d’Espagne, ont du mal à décoller.

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Mais à la fin des années 1990, un scandale mettant en cause la mortadelle espagnole éclate : avec plus d’une centaine de cas d’intoxication, la panique gagne le pays. L’État amorce alors une grande campagne d’assainissement afin d’éradiquer contrebandiers et petits producteurs peu regardants sur l’hygiène.

Pour Tahar Bimezzagh, c’est le moment ou jamais d’émerger et, très vite, Koutoubia se retrouve seul ou presque sur ce marché à haut potentiel. Misant tout sur la qualité, le patron modernise ses outils de production, certifie ses process industriels et enclenche une vaste opération d’intégration de la chaîne de valeur.

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Traçabilité

Les résultats ne se font pas attendre. L’entreprise, qui employait à peine dix personnes en 1995, est entrée en moins de dix ans dans le classement des 500 plus grandes entreprises du royaume. Aujourd’hui, elle emploie plus de 2 500 personnes, draine un chiffre d’affaires annuel de 2,3 milliards de dirhams (200 millions d’euros) et possède pas moins de huit filiales.

Au coeur de l’innovation

Haj Tahar Bimezzagh sait que les goûts et les habitudes de consommation sont en perpétuelle évolution.

Pour avoir toujours un temps d’avance sur les tendances du marché, il s’est doté, dès 2004, d’un institut de recherche baptisé l’Espace de recherche et de formation pour l’alimentation (Erfa).

Ouvert aux universitaires des écoles nationales d’agronomie, le « labo Koutoubia » est connu pour ses études en microbiologie. On y teste aussi de nouvelles recettes, des procédés de fabrication inédits et on y forme des personnes qualifiées pour les métiers de l’agroalimentaire.

« L’innovation est au coeur de notre métier. Nous consacrons d’ailleurs 2,5 % de notre chiffre d’affaires à l’Erfa », explique un haut cadre de la firme.

Élevage, abattage, transformation, distribution… Koutoubia est incontournable dans l’univers de la viande et de la charcuterie.

« En plus des unités industrielles, nous disposons de 40 fermes d’élevage et de 450 camions pour la distribution. Nous avons aussi développé nos propres points de vente, où nos clients peuvent trouver tous nos produits. Cette intégration est essentielle pour assurer la traçabilité du produit. C’est ce qui nous permet de garantir une certaine qualité », explique un proche collaborateur du PDG.

En appliquant ce modèle de développement, Tahar Bimezzagh a créé une véritable machine de guerre, leader du secteur de la transformation des viandes, avec 75 % de part de marché.

Nouveaux marchés

Sa réussite a poussé l’entrepreneur marocain à cibler de nouveaux marchés.

Koutoubia réalise ainsi 10 % de son chiffre d’affaires à l’export. Grâce à son label halal et aux nombreuses certifications qualité dont il dispose, il a ainsi pu partir à la conquête des pays du Moyen-Orient (Émirats arabes unis, Arabie saoudite, Syrie et Irak), de la Turquie et de certains États africains (Mauritanie, Sénégal, les trois Guinées, Bénin, Gabon, Mali, Côte d’Ivoire, Gambie et Congo). « Ce succès, nous le devons surtout à nos ressources humaines », insiste le conseiller de celui qu’on appelle le Roi du Casher, en référence au nom donné à la charcuterie au Maroc.

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