Kadhafi, jusqu’à la lie

Publié le 29 mars 2005 Lecture : 1 minute.

Le problème, avec lui, c’est que l’image toujours brouille le message, au point de le rendre inaudible. Lorsque Mouammar Kadhafi explique à ses pairs réunis à Alger que la vraie cause du terrorisme ce n’est pas la misère, mais « l’arbitraire, l’injustice, l’arrogance, l’abus de pouvoir et le mépris », lorsqu’il ajoute que les Arabes en ont assez d’être traités « comme des enfants » et que c’est cela qui « crée des Ben Laden », lorsqu’il qualifie le Conseil de sécurité de l’ONU de « conseil du diktat et de l’insécurité » et qu’il se demande, faussement ingénu, « pourquoi l’Occident s’intéresse-t-il donc tellement au statut de nos femmes », quand il estime enfin qu’il faudra attendre encore une génération avant qu’Israéliens et Palestiniens puissent coexister en paix, celui qui se qualifie désormais de « doyen » des chefs d’État arabes en exercice parle comme saint Jean Bouche d’or : il dit tout haut ce que chacun murmure. Hélas ! plus personne ou presque n’écoute Mouammar Kadhafi, tant chacune de ses apparitions publiques, depuis des lustres, donne lieu au même rituel pseudo-comique, à mi-chemin entre le théâtre de boulevard et le show de mauvais goût : postures, mines, saillies douteuses (« Abou Mazen, ne m’en veux pas, mais les Palestiniens et les Israéliens sont des idiots ! »), bouderies, vraies-fausses fâcheries et propositions folkloriques sur lesquelles les médias se précipitent comme à Guignol. Qui osera lui dire un jour d’arrêter ce spectacle désespérément répétitif et ridicule à en pleurer dont se pourlèchent les arabophobes ? Qui dira que l’acteur a vieilli et que la pièce est usée jusqu’à la corde ? Le problème, bien sûr, c’est qu’entre Kadhafi et le monde la relation relève de l’autisme. Nul ne l’écoute, et lui n’entend personne…

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