[Classement] Comment le Forum économique mondial évalue la compétitivité des économies africaines

Comme chaque année, le Forum économique mondial vient de publier son Indice mondial de la compétitivité. Si dix-sept économies africaines figurent par les vingt derniers du classement, certaines pays tirent malgré tout leur épingle du jeu.

World Economic Forum 2017 © CC / U.S. Embassy Bern/ Eric Bridiers

World Economic Forum 2017 © CC / U.S. Embassy Bern/ Eric Bridiers

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 17 octobre 2018 Lecture : 4 minutes.

Sans surprise, l’Afrique subsaharienne demeure en queue de classement de l’Indice mondial de la compétitivité publié par le Forum économique mondial (WEF), le 17 octobre. Dix-sept économies africaines figurent parmi les vingt derniers du classement, sur les 140 pays analysés.

On notera l’extrême disparité entre le premier pays africain classé – Maurice (49e) – et le dernier – le Tchad (140e) – et l’absence étonnante de ce classement de pays tels que Djibouti, le Gabon, le Niger, le Togo, le Congo-Brazzaville ou l’Érythrée. L’absence de la Libye, de la Centrafrique ou du Soudan du Sud s’expliquant, en revanche, par les troubles qui y persistent.

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Le top dix africain est composé de Maurice (49e), l’Afrique du Sud (67e), les Seychelles (74e), le Maroc (75e), la Tunisie (87e), le Botswana (90e), l’Algérie (92e), le Kenya (93e), l’Egypte (94e) et la Namibie (100e). Les 10 derniers sont le Malawi (129e), le Lesotho (130e), la Mauritanie (131e), le Liberia (132e), le Mozambique (133e), la Sierra Leone (134e), la RDC (135e), le Burundi (136e), l’Angola (137e) et le Tchad (140e).

Publiés chaque année depuis 1979, cet indice comporte 98 indicateurs qualitatifs compilés à partir des bases de données de nombreuses institutions internationales et regroupés en douze sections : institutions, infrastructures, technologies de l’information et de la communication, stabilité macro-économique, santé, compétences, marché de produits, marché du travail, système financier, taille du marché, dynamisme des affaires et capacité d’innovation.

Le Tchad, en dernière position

L’indice de cette année a été enrichi de nouveaux paramètres – tels que la « culture entrepreneuriale », la « pensée critique » ou encore la « méritocratie » – et s’appelle désormais « Index de la compétitivité mondiale 4.0 ».

La note maximale, qui suppose un pays « idéal », est de 100. La moyenne des 140 pays étudiés s’établit à 60/100. Les États-Unis, premier mondial, réalisent un score de 85,6 et le dernier, le Tchad, un score de 35,5. Derrière les États-Unis, on trouve Singapour (83,5), l’Allemagne (82,8), la Suisse (82,6) et le Japon (82,5).

Les smartphones, c’est bien, mais cela ne remplace ni l’école ni l’électricité

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Le Forum économique mondial ne se contente pas de publier ce classement, l’accompagnant de commentaires. Tout d’abord, l’organisation constate que le schéma du développement par une industrialisation grâce à des coûts de main d’œuvre très bas ne fonctionne plus systématiquement. Les pays concernés doivent se préoccuper de l’ensemble des facteurs, car les coûts de main d’œuvre ne suffisent plus à assurer un décollage industriel.

Ensuite, le WEF met en garde ceux qui pensent qu’il est possible de brûler les étapes du développement en améliorant la compétitivité d’une économie grâce aux nouvelles technologies (technology-based leapfrogging). « Pour beaucoup d’économies les moins compétitives, les causes d’une croissance faible restent les vieux obstacles au développement que sont les institutions, les infrastructures et les compétences », peut-on y lire. Les smartphones, c’est bien, mais cela ne remplace ni l’école ni l’électricité.

  • Maroc (75e).

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Le Royaume gagne deux places et progresse en compétitivité par rapport à 2017. Son score est de 58,5.

Ses trois points forts sont sa stabilité macro-économique, mais aussi son système de santé et ses infrastructures ; il est bien placé dans la lutte anti-terroriste, l’électrification, la protection des salariés et la rapidité de création des entreprises.

Ses trois points faibles sont les compétences de sa main d’œuvre, sa capacité d’innovation et l’utilisation des technologies de l’information et de la communication ; il est handicapé par la faible durée de la scolarisation et la médiocre participation des femmes à l’activité économique.

  • Algérie (92e)

Elle est à la même place qu’en 2017, mais améliore légèrement son score. L’Algérie est bien placée en matière de capital humain, de stabilité macro-économique et de taille de son marché ; elle a des bons points dans le domaine de la sécurité, de la santé, des routes et de l’eau potable.

Elle a en revanche des faiblesses en matière de capacité d’innovation. L’accès au crédit, les droits de douane et la transparence budgétaire ne sont pas son fort.

  • Tunisie (87e)

Elle recule d’une place, mais son score progresse par rapport à 2017.

Ses points forts sont son capital humain, sa stabilité macro-économique et ses infrastructures ; elle peut se féliciter de sa sécurité, de son électrification, de sa santé et de son réseau téléphonique.

Ses points faibles sont sa capacité d’innovation, ses dépenses de recherche-développement et ses tarifs douaniers.

  • Sénégal (113e)

Le Sénégal perd deux places, mais améliore son score par rapport à 2017. Il a peu de points très forts, sinon sa stabilité macro-économique et son marché du travail ; la facilité et le coût pour y créer une entreprise sont bien notés.

Il a peu de points très faibles ; sa capacité d’innovation, sa recherche-développement et son recours aux techniques d’information et communication ne sont pas excellents.

  • Côte d’Ivoire (114e)

Elle aussi a peu de points très forts et très faibles. Sa stabilité macro-économique et son dynamisme des affaires sont bien notés tout comme la facilité et le coût pour y créer une entreprise, la qualité de ses routes et de son électricité. En revanche, les compétences de sa main d’œuvre et sa capacité d’innovation laissent à désirer ; la durée de la scolarité, la participation des femmes au marché du travail et le financement des PME obtiennent de mauvaises notes.

  • Cameroun (121e)

Il perd trois places tout en améliorant légèrement son score. Ses points forts sont sa stabilité macro-économique et son marché du travail ; l’électrification et la création d’entreprise sont en bonne position.

Ses points faibles sont sa capacité d’innovation et son recours aux technologies de l’information et de la communication ; le crédit, l’éducation dans le primaire et l’utilisation d’internet laissent à désirer.

  • RDC (135e)

Il perd huit places et son score régresse par rapport à 2017.

Son unique point fort est son marché du travail ; il relativement facile d’y faire des affaires et peu coûteux de créer une entreprise.

Parmi ses points faibles, on notera ses routes et son système électrique.

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