Des hommes et des chiffres

À moins d’un mois de la présidentielle du 24 avril, la communauté internationale mobilise des moyens humains et financiers pour garantir la transparence du scrutin.

Publié le 29 mars 2005 Lecture : 3 minutes.

A moins d’un mois de l’élection présidentielle du 24 avril, le ministre de l’Intérieur Akila-Esso Boko, chargé d’organiser l’élection, enchaîne les rendez-vous. Avec les partis politiques, avec les membres de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), avec les experts électoraux envoyés par les organisations internationales, telles que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la Francophonie et l’Union africaine, ou encore avec ceux mandatés par les États-Unis.
« Le délai est certes très court, mais on sera prêt », assure-t-on au ministère. Un premier pas a été franchi le 9 mars avec la nomination, par le Parlement togolais, des treize membres d’une Ceni désormais au complet – cinq représentants du parti au pouvoir, cinq autres de l’opposition, deux personnalités de la société civile et un magistrat.
Aujourd’hui, la Ceni, présidée par une femme de 57 ans, Kissem Tchangaï-Walla, professeur de dermatologie à l’université, ancienne ministre Fonction publique, puis ministre des Affaires sociales et de la Promotion de la femme, et épouse du lieutenant- colonel Tchangaï, peut se mettre au travail. Sa première mission consiste à installer et à former les membres de ses trente et une antennes locales – chaque préfecture compte une Commission électorale locale indépendante (Celi), laquelle est composée de deux représentants de chacune des familles politiques et présidée par un magistrat nommé par le ministère de la Justice.
Autre étape importante – et ô combien controversée – dans la préparation du scrutin : la révision des listes électorales. « Étant donné le court délai qui nous est imparti, nous demandons à la population d’aller s’inscrire sur les listes dans l’un des 5 300 bureaux de vote du pays. Les comités des listes et cartes accueilleront les électeurs du 28 mars au 5 avril sous le contrôle d’un délégué du parti au pouvoir et d’un autre de l’opposition », précise le directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, qui siège également à la Ceni en qualité de rapporteur…
Dès le 27 mars, soit au lendemain de la clôture du dépôt des candidatures, l’administration électorale se chargera de l’impression des bulletins uniques et de la fabrication de l’encre indélébile. Le gouvernement promet d’imprimer un tiers de bulletins en plus du nombre d’électeurs – estimés à près de 2,5 millions. Reste également à fabriquer de nouveaux isoloirs et à fournir des urnes supplémentaires, car un tiers environ du matériel a été endommagé lors des incidents survenus pendant l’élection présidentielle de 2003.
Le budget consacré à l’organisation de ce scrutin n’est pas négligeable. Le gouvernement a déjà dégagé 1 milliard de F CFA (1,5 million d’euros)… et, curieusement, n’a pas entrepris de démarche auprès de l’Union européenne (UE), laquelle avait pourtant déclaré être prête à débourser 2 milliards de F CFA à défaut de pouvoir envoyer des observateurs. En attendant de recevoir une demande officielle du gouvernement, l’UE s’engage à soutenir la Cedeao en prenant en charge le séjour d’une cinquantaine d’observateurs. Coût du projet : 160 000 euros. « Mais les conclusions de la Cedeao ne lieront pas l’UE », précise-t-on à Bruxelles. Autre promesse d’intention européenne : une enveloppe de 400 000 euros pour assurer la présence dans chacun des quelque 5 000 bureaux de vote de deux membres de l’opposition et deux autres de la majorité. L’Allemagne, elle, s’engage à financer soixante-quinze observateurs de l’organisation d’intégration.
Même si le code électoral ne requiert pas la présence de tels représentants, les autorités du pays reconnaissent leur légitimité pour saisir la Cour constitutionnelle en cas de contestation, au même titre que les délégués des Celi ou ceux des candidats eux-mêmes. « C’est un gage supplémentaire de transparence », souligne le ministère de l’Intérieur.
Les observateurs internationaux jugeront sur pièces. La Cedeao a déjà mandaté des experts qui ont chacun participé, voire présidé, une Ceni de leur pays d’origine. Arrivés le 9 mars, ils ont jusqu’à présent « servi de tampons et ont tenté de concilier les différentes revendications tout en veillant à ce que les textes soient respectés », indique l’organisation régionale. Une fois leur mission de « facilitateurs » accomplie, ces techniciens en référeront au secrétariat exécutif qui prendra ensuite la décision d’envoyer une centaine d’observateurs. Leur présence sera renforcée par des scrutateurs diligentés par l’Union africaine et par la Francophonie, dont la « mission exploratrice » séjournera à Lomé du 29 mars au 2 avril. Les États-Unis décideront d’affecter ou non des observateurs et d’apporter un éventuel soutien financier une fois que leurs six experts auront rendu leur rapport, aux alentours du 4 avril. Le gouvernement étudie également la question de la présence d’observateurs nationaux, comme pour donner une preuve supplémentaire de sa bonne volonté.

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