[Édito] Madagascar doit solder les comptes du passé

Ceux qui attendaient un renouvellement de la classe politique malgache et de leurs dirigeants en seront probablement pour leurs frais.

Un enfant ballons à la main, devant des gens attendant pour voter lors des élections à Antananarivo à Madagascar, le 25 octobre 2013. © Schalk van Zuydam/AP/SIPA

Un enfant ballons à la main, devant des gens attendant pour voter lors des élections à Antananarivo à Madagascar, le 25 octobre 2013. © Schalk van Zuydam/AP/SIPA

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Publié le 25 octobre 2018 Lecture : 2 minutes.

Vue du lac Anosy, à Tananarive, capitale de Madagascar. © Sascha Grabow/Wikimedia Commons
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Madagascar : la possibilité d’une (grande) île

Le 7 novembre, les électeurs se rendront aux urnes pour élire leur nouveau président. Avec l’espoir de mettre un terme à la crise politique qui mine le pays depuis 2009 et de consolider la reprise économique.

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Sur les 36 candidats en lice pour le premier tour de la présidentielle du 7 novembre, pas moins de quatre anciens chefs d’État et trois ex-Premiers ministres. Andry Rajoelina (2009-2014), son meilleur ennemi Marc Ravalomanana (2002-2009) et Hery Rajaonarimampianina (2014-2018), les trois dernières personnalités à avoir occupé le palais présidentiel, sont logiquement favoris. Dans cet ordre d’importance, avec, semble-t-il, une certaine avance pour « TGV ».

Face à ce trio, il ne faut guère attendre du vieil « Amiral rouge », Didier Ratsiraka (1975-1993, puis 1997-2002), 81 ans, qu’il puisse contester leur suprématie politique. Seuls le populiste évangélique André Christian Dieudonné Mailhol, dit Pasteur, et, dans une moindre mesure, le chanteur Zafimahaleo Rasolofondraosolo peuvent espérer peser sur le scrutin.

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Un potentiel économique inexploité

Objectif : solder définitivement les comptes du passé, notamment entre les principaux protagonistes d’une décennie de crise, ce que l’élection de 2013, qui excluait la plupart d’entre eux, n’avait pas permis. Et, surtout, pouvoir enfin se pencher sur l’avenir de la Grande Île. Car, malgré une résilience évidente (un peu plus de 4 % de croissance depuis 2016 et des perspectives à moyen terme plutôt encourageantes), en grande partie grâce au dynamisme du secteur privé, l’économie malgache est loin, très loin, d’exprimer tout le potentiel qu’on lui prête.

Pour que, début janvier, celui qui sera élu puisse s’installer et travailler en toute quiétude, encore faudra-t-il qu’il puisse jouir de la légitimité que confèrent normalement les urnes. Comme dans la plupart des récents scrutins sur le continent (présidentielles au Mali ou au Cameroun, législatives au Gabon, locales en Côte d’Ivoire), nombreux sont les candidats qui contestent par avance la transparence du scrutin et assurent que, si quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes venait à l’emporter, ce serait uniquement par le truchement de la fraude. Vingt-deux candidats ont exprimé leurs doutes.

>> A LIRE – Madagascar : timide reprise, grands défis

Tourner la page des crises à répétition

Un climat de suspicion qui jette un voile d’ombre sur l’après-scrutin. Mais, à Madagascar, quand le pire semble promis, le meilleur n’est jamais loin : une coalition d’institutions publiques et d’organisations de la société civile, avec le concours de la Commission électorale nationale indépendante, du Bureau indépendant anticorruption et de Transparency International, a élaboré une « charte de bonne conduite et d’intégrité des candidats pour une présidentielle apaisée ». Elle n’engage que ceux qui daigneront la signer, et encore.

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Mais cette initiative, aussi symbolique soit-elle, est le signe que les Malgaches, eux, entendent bel et bien tourner la page des crises à répétition provoquées par les différents acteurs politiques, tous bords et générations confondus. Et qu’ils seront vigilants. C’est une lueur d’espoir à ne pas minorer.

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