Visite au pays du jeune Géorgien qui n’aimait pas le sang
Publié le 28 février 2005 Lecture : 1 minute.
J’ai passé à Tachkent une dizaine de jours, et j’ai pu voir aussi le grand canal de Fergana qui a permis d’arracher au désert cent mille hectares d’une terre devenue l’une des plus riches d’Asie centrale.
Tout s’est transformé en un demi-siècle. Mais dans mille ans, selon Mao, on rira un peu des héros encombrants de notre histoire contemporaine, qu’ils s’appellent Marx, Engels, Lénine, Staline ou Mao. […] De nos jours, le conflit sino-soviétique est venu tout envenimer.
Dans la salle du buffet où les écrivains se retrouvent entre amis, devant un grand plat d’écrevisses arrosé de bière, parfois de vin hongrois, j’ai demandé à Simonov, romancier, cinéaste, reporter bien connu, pourquoi il avait fait une déclaration contre les Chinois. Pour nous, peuples d’Asie ou d’Afrique, le conflit sino-soviétique était déplorable. Nous étions comme des orphelins qui se découvrent une famille, mais dans la discorde. Cela se produisait au moment précis où le camp socialiste était en passe d’être le plus fort, en ralliant à lui au moins les deux tiers de l’humanité. Peut-être était-ce un rêve ?
Simonov s’échauffa. Tout cela était juste. Il ressentait aussi cette rupture comme un drame de famille (je songeai à Dostoïevski, aux frères Karamazov), d’autant plus qu’il avait vécu quinze ans en Chine. Pour avoir partagé ses rudes épreuves, il aimait ce peuple, il admettait tout, dans une querelle entre communistes. Tout, sauf le racisme.
Les Soviétiques sont indignés à la seule idée qu’on puisse les exclure d’une conférence afro-asiatique. C’est là une chinoiserie qui les taquine furieusement, car ils sont à cheval sur deux et même trois continents, aux confins de l’Asie, de l’Europe et des États-Unis. Presque aussi vaste que toute l’Afrique, l’URSS est le foyer de la Révolution de 1917.
