Angola : les autorités menacent de fermer les banques qui ne renforceront pas leurs fonds propres
Alors que le système bancaire angolais s’illustre par un taux de prêts non performants particulièrement élevé, le gouverneur de la banque centrale a donné jusqu’à la fin de l’année aux établissements financiers pour respecter les exigences de fonds propres.
Dans une interview accordée lors du sommet FT Africa à Londres la semaine dernière, José de Lima Massano, gouverneur de la banque centrale, a déclaré qu’il avait donné aux banques du pays jusqu’à la fin du mois de décembre pour répondre aux exigences de fonds propres, a révélé le Financial Times le 17 octobre.
Il a estimé que certains établissements ne seraient pas en mesure de le faire. « Ceux-là seront fermés et vont purement et simplement disparaître », a-t-il expliqué.
Un secteur bancaire concentré
Le secteur bancaire angolais est particulièrement concentré : un petit nombre de banques – Banco Angolano de Investimentos, Banco Econômico, Banco de Fomento Angola, Banco BIC Angola et Banco de Poupança e Crédito – contrôle 80 % des prêts.
Sur les 30 établissements enregistrés dans le pays, 18 sont des banques privées domestiques, souvent associées à de grandes entreprises privées locales, tandis que neuf sont des filiales de banques étrangères, détaille le FMI dans un rapport publié en juillet 2018.
Les entités du secteur public détiennent des participations, y compris minoritaires, dans environ six banques, et le gouvernement contrôle directement trois banques qui détiennent l’équivalent de 11 % des actifs totaux. La compagnie pétrolière publique Sonangol détient des participations minoritaires dans sept banques.
Rétablir la crédibilité du système financier
Cet effort de consolidation bancaire s’inscrit dans le cadre d’une politique visant à restaurer la crédibilité du système financier angolais, mis en difficulté non seulement par le copinage, mais aussi par l’effondrement, à partir de 2014, du prix du pétrole, dont l’économie angolaise dépend fortement.
Au cours des dernières années, les banques américaines ont mis fin à leurs relations bancaires avec leurs homologues angolaises, les suspectant d’être contrôlées par des intérêts politiques. En 2014, Banco Espirito Santo Angola, deuxième prêteur du pays, qui comptait pour plus de 5 milliards de dollars des créances douteuses, dont beaucoup seraient liées à l’élite au pouvoir, s’est effondré.
Le taux de prêts non-performants a augmenté de façon spectaculaire dans les derniers mois de la présidence Dos Santos, passant de 13,1 % en décembre 2016 à 28,8 % en décembre 2017, en partie à cause d’un relâchement du contrôle des autorités de supervision. « Les établissements de crédit prêtant à des personnes politiquement connectées, sur instruction de la Banque centrale », explique le Financial Times. Selon le FMI, 80 % des prêts non-performants émanaient de la banque publique Banco de Poupança e Crédito.
Des réformes économiques d’ampleur
Dans le cadre de ses efforts pour rétablir la stabilité économique du pays, le gouvernement angolais a dévalué le kwanza de 45 %, rendu plus transparent le mécanisme d’allocation des devises et remis en cause un certain nombre de monopoles liés à la famille dos Santos. Mais les résultats de ces réformes se font pour l’instant attendre.
La récession s’est poursuivie, avec -2,6 en 2016 et -2,7 en 2017, tandis que la hausse des prix atteignait 30 %. En 2018, le FMI prévoit -0,1 % de croissance et 20,5 % d’inflation.
João Lourenço s’est également lancé dans une campagne anti-corruption. Les enfants dos Santos ont été les premiers visés, avec le limogeage de l’aînée, Isabel, de la direction de la compagnie nationale de pétrole Sonangol et l’éviction de Tchizé et Coréon Dú de la chaîne de télévision publique TPA 2.
José Filomeno dos Santos, soupçonné d’avoir réalisé un transfert de 500 millions de dollars dans le cadre d’un plan qui aurait pu lui permettre de détourner 1,5 milliard de dollars, a été mis en examen en mars pour fraude. Il a été emprisonné à la fin du mois de septembre.
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