Tony Blair, séducteur sur le retour
À deux mois des élections générales, il s’efforce de reconquérir l’opinion.
C’est sur un mode très personnel que Tony Blair a donné le coup d’envoi de la campagne pour les élections générales du 5 mai. Ébranlé par la chute de sa popularité, le Premier ministre britannique a choisi un ton humble frôlant parfois la contrition. Surnommé « monsieur-Je-Sais-Tout » et souvent jugé « arrogant », il a mis à profit le traditionnel discours d’ouverture de la conférence de printemps du Parti travailliste, à Gateshead, pour tenter de donner de lui une nouvelle image. Morceau choisi : « Je comprends que beaucoup de personnes soient en colère. Pas seulement à propos de l’Irak et des décisions difficiles que nous avons dû prendre, mais aussi, en grande partie, à cause de moi. Pour un dirigeant politique, « faire ce qui est juste » signifie trop souvent « faire ce que je pense juste ». Et s’il n’y prend garde, ce « faire ce qui est juste » devient vite « je sais mieux que vous ce qu’il faut faire ». »
Entre les Britanniques et leur Premier ministre, la lune de miel est terminée depuis longtemps. Outre l’aventure guerrière en Irak et le navrant épisode des prétendues armes de destruction massive irakiennes, il a dû affronter plusieurs démissions très médiatisées au sein de son gouvernement : Clare Short, la secrétaire pour le Développement international ; Peter Mandelson, le ministre du Commerce et de l’Industrie ; David Blunkett, celui de l’Intérieur, etc. Mais aussi l’ambition toujours vive de son alter ego, le chancelier de l’Échiquier Gordon Brown. Aujourd’hui, Blair fait ce qu’il peut pour éviter le divorce : « Après l’euphorie, explique-t-il, est venu le difficile et harassant travail des choix et de leur mise en oeuvre. Les événements ont été autant de tests personnels. L’humeur des médias change, des amis font défaut à l’heure des grandes décisions, des milliers de petites choses irritent, et, soudain, vous les Britanniques vous mettez à penser : il ne nous écoute pas. Et moi, de mon côté, je pense : ils ne m’entendent pas. Alors, vous haussez le ton et je le hausse aussi. Et c’est ainsi que certains d’entre vous en viennent à me lancer la vaisselle à la tête. »
Pour reconquérir l’opinion, Blair a choisi de faire profil bas, de reconnaître ses erreurs et de se concentrer sur des sujets de politique intérieure : la santé, l’éducation, la sécurité, l’immigration, les allocations familiales et l’économie. « I’m back », lance-t-il. Ce n’est pas Michael Howard, le très passéiste chef des conservateurs, directement visé par le slogan travailliste « Forward, not back » [en avant, pas en arrière] qui paraît en position de le contrarier. Mais la surprise pourrait venir des libéraux démocrates, traditionnel refuge du vote protestataire au Royaume-Uni. En fait, le principal rival de Tony Blair appartient à son propre camp : après sa récente tournée africaine, Gordon Brown continue d’ajuster son costume de chef d’État en Chine, où il abordera essentiellement des « questions commerciales ».
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