Mustapha Dahleb

Ancien footballeur algérien

Publié le 28 février 2005 Lecture : 3 minutes.

En avril 1973, dans les vestiaires du stade Maurice-Dufrasne à Liège, Rachid Mekhloufi, responsable de la sélection militaire d’Algérie, qui affronte son homologue belge ce soir-là, nous confie : « Mes deux attaquants, Mustapha Dahleb et Aïssa Draoui, ont de la classe. Quelle finesse dans le toucher de balle et quel sens de la feinte ! »
Trois années plus tard, Draoui est champion d’Afrique avec le Mouloudia d’Alger alors que Dahleb est devenu la vedette du Paris-Saint-Germain (PSG).
Né à Béjaïa le 13 janvier 1952, le jeune Mustapha a 2 ans quand il part pour la France. Son père trouve un emploi à Flohimont, dans les Ardennes. Mustapha, qui a le foot dans le sang, est « kidnappé » par les recruteurs de Sedan. À 16 ans, le surdoué du ballon fait partie de l’équipe de division III du club. À 17 ans et demi, il intègre la formation première. À l’aile gauche ou au centre de l’attaque.
C’est alors que le consulat d’Algérie l’informe qu’il fait partie des appelés pour le service national. Mustapha signe un contrat de stagiaire professionnel avec Sedan et s’embarque en septembre 1971 pour Alger. Il choisit de s’affilier au Chabab de Belcourt, alors au faîte de sa renommée. Mais il n’est pas toujours titularisé et ne trouve ses marques qu’avec l’équipe militaire d’Algérie : « Rachid Mekhloufi, confie-t-il, m’a donné confiance. Il m’a ouvert les portes de la sélection où j’ai débuté le 24 novembre 1971 face à la Libye à Tripoli. » Il joue vingt matchs en l’espace de deux ans et participe au tournoi des IIes jeux Africains de Lagos.
En septembre 1973, Dahleb retrouve Sedan, qui l’engage pour quatre ans. Au sein d’une équipe qui lutte pour éviter la relégation, il fait des malheurs à l’aile gauche. La saison n’est pas terminée qu’il est sollicité par Just Fontaine, l’entraîneur du PSG. Le transfert est rapidement conclu pour 1,3 million de francs. En quelques matchs, « Mous » devient une pièce maîtresse dans le jeu offensif des Parisiens. Il possède l’art et la manière de déséquilibrer les défenses grâce à des feintes et des dribbles meurtriers, des passes justes et un placement insolite. Et une habileté naturelle qui le conduit à déclencher des actions totalement inattendues dont la conclusion ne nécessite qu’une pichenette. Le style est fluide et chaloupé. Le public se régale.
Juin 1976, Fontaine est limogé. Le Serbe Vasovic arrive et lui dit : « Le capitaine, ce sera toi. Parce que tu es le meilleur… » L’ailier-marqueur recule d’un cran et devient animateur de jeu. Il a les coudées franches pour orienter les offensives de son équipe et ouvrir le chemin du but aux goleadores, qui s’appellent Boubacar Sarr « Locotte », Nambatingue Toko, Dominique Rocheteau et Carlos Bianchi. « Mous » régnera sur le parc des Princes jusqu’en 1984. À son palmarès : deux victoires en Coupe de France en 1982 et 1983 et 84 buts.
Entretemps, Dahleb n’aura pas beaucoup joué pour l’équipe d’Algérie. Le 28 février 1977, Mekhloufi le rappelle à l’occasion des éliminatoires de la Coupe du monde pour un match décisif face à la Tunisie. Un nul (1-1) n’évitera pas l’échec. Il faudra attendre le printemps 1982 et l’avènement du tandem Mahieddine Khalef-Mekhloufi à la tête de la sélection pour que le « Parisien » gagne une place de titulaire pour le Mundial espagnol. Associé aux talentueux Lakhdar Belloumi, Rabah Madjer, Salah Assad et Ali Fergani, il contribue au succès historique sur l’Allemagne à Gijón (2-1). « Mous » fera son ultime apparition avec l’équipe d’Algérie, le 30 novembre 1983, à Alger, face à la Suisse (2-1).
En juin 1984, il quitte le PSG et s’envole boucler une saison avec l’OGC Nice. La dernière de sa carrière. Avec sa famille (il est père de deux garçons aujourd’hui âgés de 28 et 24 ans), il s’installe dans la région parisienne et s’occupe de sa reconversion : il est créateur et réalisateur de projets socio-économiques dans les pays du Sud. S’il rompt avec le milieu du foot, il ne divorce pas d’avec le sport lui-même, se préoccupe de l’insertion des jeunes et tape dans le ballon avec les anciens….
Le 11 juillet 2003, Dahleb est fait chevalier de la Légion d’honneur pour ses « trente-trois ans d’activités sportives ». Et, le 14 décembre 2004, à Alger, le mensuel Compétition lui rend hommage. « Mous » reçoit une Étoile d’or, entouré de tous ses compagnons du Mundial 1982, des gloires de Belcourt, du buteur argentin Carlos Bianchi et du président fondateur du PSG, Daniel Hechter.

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