Tunisie : l’UGTT annule sa grève, après avoir obtenu plusieurs garanties du gouvernement

L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a annulé la grève générale qu’elle avait annoncée pour mercredi 24 octobre, après avoir notamment obtenu des augmentations de salaires dans le secteur public. Les conséquences pour le budget de l’État inquiètent les investisseurs.

Le siège de l’UGTT, à Tunis. © Citizen59 /CC/Wikimedia Commons

Le siège de l’UGTT, à Tunis. © Citizen59 /CC/Wikimedia Commons

Publié le 22 octobre 2018 Lecture : 2 minutes.

Pressentie depuis quelques jours, la décision a été confirmée dimanche lors d’une réunion extraordinaire de la commission administrative nationale. Le gouvernement a ainsi cédé à la pression syndicale en accordant des augmentations salariales, de 205 à 250 dinars (environ 62 à 76 euros), pour les agents du secteur public. Il s’est également engagé à ne pas privatiser les entreprises publiques.

« Une victoire pour la Tunisie et la paix sociale », a commenté le Secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi. Une victoire pour le syndicat, mais un revers pour l’équipe de Youssef Chahed qui, pour satisfaire ses nouveaux engagements, devra puiser dans ses caisses plus de huit milliards de dinars – une somme non inscrite dans le projet de loi de finances 2019.

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La centrale a obtenu la révision des salaires dans le secteur privé, et plaide auprès de l’exécutif depuis plusieurs mois pour que les mêmes avantages soient accordés à tous les employés de l’État. La partie ne semble pas encore gagnée : le syndicat a annoncé que la mobilisation continue, confirmant l’émission d’un préavis de grève pour les fonctionnaires le 22 novembre.

« Cela n’échappera pas aux investisseurs »

Hasard du calendrier ou manœuvre calculée ? La Tunisie, qui doit lever un milliard d’euros sur les marchés internationaux pour se renflouer, aura des difficultés pour atteindre son objectif . « Cette décision est mal venue. Elle n’échappera pas aux investisseurs, beaucoup plus pointilleux que les bailleurs de fonds », assure un expert financier.

Le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, l’Union européenne et la Banque africaine de développement (Bad) sont dans l’expectative, d’autant que le gouvernement s’était engagé à résorber son déficit, de plus de deux milliards de dinars, en effectuant certaines privatisations.

Des augmentations salariales dans la fonction publique sont plus préoccupantes, puisqu’elles vont augmenter les déficits

« Ce n’est pas le plus inquiétant. Un gouvernement peut avoir d’autres solutions pour retrouver ses équilibres financiers. Par contre, des augmentations salariales dans la fonction publique sont plus préoccupantes, puisqu’elles vont augmenter les déficits, alors qu’ils commençaient à être légèrement maîtrisés », souligne une source proche du FMI.

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Visites diplomatiques et remaniement

Les accords entre UGTT et gouvernement ont été trouvés alors que le calendrier diplomatique s’annonce chargé, avec la visite officielle du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, dimanche 21 et lundi 22 octobre, puis celle de Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, attendu le 25 octobre à Tunis.

Avec des bouleversements quasi quotidiens, la situation politique en Tunisie est de plus en plus difficilement lisible. Un remaniement gouvernemental, attendu depuis plusieurs semaines, est annoncé d’ici mercredi.

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