Affaire Khashoggi : quelles conséquences économiques pour Riyad ?

Un important forum international sur l’investissement s’est ouvert devant une assistance clairsemée, mardi 23 octobre à Riyad. Face au tollé mondial suscité par le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, les conséquences économiques sont déjà lourdes pour l’Arabie saoudite.

Le prince héritier Mohamed Ben Salman et le roi Abdallah II de Jordanie à l’ouverture du Future Investment Initiative de Riyad, mardi 23 octobre 2018. © Amr Nabil/AP/SIPA

Le prince héritier Mohamed Ben Salman et le roi Abdallah II de Jordanie à l’ouverture du Future Investment Initiative de Riyad, mardi 23 octobre 2018. © Amr Nabil/AP/SIPA

Arianna Poletti

Publié le 23 octobre 2018 Lecture : 6 minutes.

Le prince héritier, Mohamed Ben Salman, lors d’une réunion du Conseil de coopération du Golfe (CCG), le 27 avril 2017 à Riyad. © Uncredited/AP/SIPA
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Affaire Khashoggi : l’onde de choc

États-Unis poussés à sortir de leur réserve vis-à-vis d’un allié historique, silence assourdissant des pays arabes, le prince héritier Mohamed Ben Salman fragilisé, l’Europe qui cherche en vain à parler d’une seule voix… Le scandale de la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi bouleverse les équilibres géopolitiques au Moyen-Orient.

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L’Arabie saoudite est en crise, a reconnu mardi le puissant ministre de l’Énergie, Khalid al-Falih. Si les noms des dirigeants occidentaux participant au « Davos du désert » saoudien sont passés de 150 à 120, la liste des invités a disparu du site de la conférence « Future Investment Initiative », qui s’est ouvert mardi 23 octobre à Riyad. Mais en Arabie Saoudite, les retombées économiques de l’affaire Khashoggi vont bien au-delà du boycott général du forum cher au prince héritier Mohamed Ben Salman (MBS). De plus en plus de patrons internationaux prennent leur distance avec le royaume. Et la bourse de Riyad accuse le coup.

L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni durcissent le ton contre le régime wahhabite. « Si elle veut être jugée crédible, elle doit étayer par des faits ses explications sur ce qui est arrivé à Jamal Khashoggi », ont déclaré les trois États dans un communiqué commun.

L’Allemagne n’en est pas restée aux déclarations politiques. Au 30 septembre, Berlin avait délivré des licences d’exportation vers l’Arabie saoudite d’une valeur de 416 millions d’euros pour 2018, n’étant devancée que par l’Algérie avec 741 millions d’euros. Ce samedi, la chancelière et le chef de la diplomatie se sont dit prêts au gel de leurs exportations d’armes vers le royaume wahhabite, suite à des « explications insuffisantes » sur la mort du journaliste saoudien, appelant ses voisins européens à en faire de même.

L’Espagne et le Canada font de la résistance

Riyad est un excellent client pour le marché européen de l’armement. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), 57 milliards d’euros d’équipements militaires ont été exportés d’Europe vers l’Arabie Saoudite au cours des dernières 14 années.

Les pays qui ont suivi une ligne morale ont fini par faire marche arrière

Karim Émile Bitar, directeur de recherche à l’IRIS et professeur de relations internationales à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, reste très dubitatif quant à l’effectivité des sanctions : « Il faut rappeler que les pays qui ont essayé de suivre cette ligne morale, comme l’Espagne ou le Canada, ont très vite subi une telle menace de la part des Saoudiens qu’ils ont fini par faire marche arrière. Ces postures sont importantes, mais malheureusement les liens économiques sont tels que ce n’est pas forcément la ligne morale qui va l’importer. »

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