Maroc : l’Espagne expulse 55 des 208 migrants entrés à Melilla
Madrid a expulsé lundi 23 octobre vers le Maroc 55 des 208 migrants entrés la veille à Melilla en traversant la clôture entourant l’enclave espagnole, ont annoncé les autorités espagnoles. C’est la deuxième fois depuis l’été que Madrid mène une telle opération.
« Le gouvernement a appliqué le traité hispano-marocain de réadmission à 55 personnes, qui ont été reconduites au Maroc », selon un communiqué. 140 autres migrants ont déposé une demande d’asile. Dix se remettent encore de leurs blessures et trois sont des mineurs, selon la même source.
Des reconduites critiquées
Un migrant était mort dimanche peu après avoir pénétré dans la ville espagnole. « L’autopsie indique qu’il n’y a pas de lésion externe ayant provoqué le décès », a souligné lundi la préfecture de Melilla qui avait évoqué la veille un arrêt cardio-respiratoire comme possible cause.
Un autre migrant est mort lors de la tentative de franchissement de la frontière côté marocain, où les autorités ont annoncé avoir arrêté quelque 141 migrants. Plusieurs associations catholiques d’aide aux migrants ont dénoncé dans un communiqué commun l’expulsion rapide de ces migrants. « La rapidité n’est pas toujours un signe d’efficacité quand la vie et le futur des gens est en jeu », écrivent-elles.
En août, l’Espagne avait renvoyé vers le Maroc 116 migrants entrés clandestinement la veille dans l’enclave espagnole de Ceuta. Une expulsion collective et rapide, aussitôt dénoncée par des défenseurs des droits humains.
L’accord bilatéral invoqué par les autorités espagnoles a été conclu il y a vingt-six ans et reste à la fois peu utilisé et très critiqué. En octobre 2017, la Cour européenne des droits de l’homme avait ainsi condamné l’Espagne pour avoir renvoyé immédiatement et collectivement vers le Maroc, sans aucune décision administrative ou judiciaire, des migrants arrivés dans l’enclave espagnole de Melilla.
L’Espagne se présente comme le relais de la voix de Rabat au sein des institutions européennes et plaide en effet pour un soutien financier accru au Maroc dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine. Mais Madrid accroît aussi la pression sur son partenaire maghrébin : elle espérerait réviser l’accord sur les expulsions vers le Maroc afin de le rendre plus souple.
L’Espagne souvent épinglée
L’Espagne est devenue la première porte d’entrée de l’immigration clandestine en Europe, avec plus de 47 000 migrants entrés depuis le début de l’année, dont environ 5 000 par voie terrestre selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Elle est régulièrement épinglée par les autorités européennes pour son traitement de l’immigration, en particulier à Ceuta et Melilla, seules frontières terrestres de l’Union européenne avec l’Afrique. Le Maroc est un pays de transit pour des milliers de migrants originaires d’Afrique subsaharienne espérant rejoindre l’Europe. Les autorités marocaines, qui évoquent 54 000 tentatives de passage avortées depuis le début de l’année, multiplient depuis l’été rafles musclées et déplacements forcés de milliers de migrants subsahariens, suscitant de vives critiques des défenseurs de droits de l’Homme.
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