Mali : décès de Mahamadou Djéri Maïga, ancien vice-président du MNLA
Mahamadou Djéri Maïga est décédé dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 octobre à Bamako. Membre fondateur du MNLA, il en était une figure historique et œuvrait au sein du comité de suivi de l’Accord de paix d’Alger depuis 2015.
Pris d’un malaise à son domicile bamakois, Mahamadou Djéri Maïga est mort peu après son arrivée à l’hôpital dans la nuit du 22 au 23 octobre. Son décès reste pour l’instant inexpliqué. « Il ne se sentait pas très bien ces derniers jours, comme s’il couvait une sorte de paludisme, mais il continuait ses activités normalement », explique un de ses proches, qui était encore avec lui dimanche.
En 2010, Mahamadou Djéri Maïga, alors professeur d’anglais au collège de Kidal, fait partie des membres fondateurs du mouvement national de l’Azawad (MNA), qui affirme lutter pacifiquement pour les droits des populations de l’Azawad. Fin 2011, à la faveur du retour de combattants touaregs en provenance de Libye, le MNA mute en Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et s’engage dans la lutte armée contre les autorités maliennes. Djéri Maïga en est une des figures fondatrices et en devient officiellement le vice-président.
Au cœur des négociations
Mahamadou Djéri Maïga était un des rares chefs non-touaregs du MNLA
Début 2012, Mahamadou Djéri Maïga participe à la conquête du nord du Mali par le MNLA et ses alliés jihadistes. Il est désigné chef politique de la région de Tombouctou. Après que ses hommes aient été chassés de la cité aux 333 saints et des autres grandes villes du Nord par les jihadistes d’Ansar Eddine, d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), le numéro 2 du MNLA prend la direction de Ouagadougou.
Il s’y installe pour négocier, au nom du MNLA, un accord de paix avec les autorités maliennes grâce à la médiation du régime de Blaise Compaoré. Cet accord sera signé en juin 2013.
Mahamadou Djéri Maïga retourne au Mali mais continue à se rendre régulièrement à Ouaga – il y sera notamment brièvement interpellé en 2015, après avoir été suspecté de soutien au putsch manqué contre les autorités de transition.
En juin 2015, c’est encore lui qui représente la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, qui regroupe les principaux groupes rebelles du Nord) durant la cérémonie de signature de l’accord de paix d’Alger organisée à Bamako. Symbole de cette réconciliation entre les rebelles et l’État, Mahamadou Djéri Maïga et le président Ibrahim Boubacar Keïta avaient alors échangé une longue accolade devant les objectifs des journalistes.
Comme chez lui à Bamako
Songhaï de la région d’Ansongo, près de Gao, Mahamadou Djéri Maïga était un des rares chefs non-touaregs du MNLA. Il était d’ailleurs souvent mis en avant par ses frères d’armes pour expliquer que le MNLA n’était pas une rébellion exclusivement touarègue. « C’était surtout un exemple en terme d’engagement et de convictions. Il ne se battait pas pour une communauté mais pour une seule cause, celle de l’Azawad », affirme Mossa Ag Attaher, le porte-parole du MNLA.
Depuis 2015, Djéri Maïga représentait la CMA au comité de suivi de l’accord de paix (CSA), chargé de superviser sa mise en œuvre. Comme chez lui à Bamako, il rencontrait régulièrement les autorités maliennes et était convié à des cérémonies officielles au palais de Koulouba. Un retour en grâce qui faisait grincer les dents de tous ceux qui réclament justice pour les nombreux crimes de guerre commis par le MNLA durant la crise de 2012-2013.
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