Tunisie – Football : les méthodes du sélectionneur Faouzi Benzarti au cœur de son limogeage

Faouzi Benzarti, le sélectionneur de la Tunisie, a été limogé moins de trois mois après sa nomination, alors qu’il venait de qualifier les Aigles de Carthage pour la CAN 2019. Certaines de ses méthodes, mal acceptées par des joueurs, sont à l’origine de cette décision prise par la Fédération tunisienne de football (FTF).

Faouzi Benzarti, le sélectionneur de la Tunisie, a été limogé moins de trois mois après sa nomination. © Christophe Ena/AP/SIPA

Faouzi Benzarti, le sélectionneur de la Tunisie, a été limogé moins de trois mois après sa nomination. © Christophe Ena/AP/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 23 octobre 2018 Lecture : 3 minutes.

La Tunisie est en passe de faire aussi bien – ou mal – que son voisin algérien, grand consommateur de sélectionneurs. La preuve : après le départ d’Henri Kasperczak en avril 2017, celui de Nabil Maâloul juste après la Coupe du monde 2018 pour s’envoler vers le Qatar et Al-Duhail, c’est au tour de Faouzi Benzarti de quitter le banc de touche des Aigles de Carthage.

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La décision a été prise quatre jours après la victoire obtenue à Niamey face au Niger (2-1), synonyme de qualification pour la CAN 2019 au Cameroun (15 juin-13 juillet). Le technicien le plus titré du pays a reçu un coup de fil du secrétaire général de la Fédération tunisienne de football (FTF) dans l’après-midi du 20 octobre, l’informant que sa mission s’arrêtait là.

C’est vrai que pendant les entraînements, il est très démonstratif : il crie, il peut proférer des insultes, mais c’est théâtral

Des joueurs surpris par sa communication

Depuis cette décision aussi brutale que surprenante, Benzarti assure ne pas en comprendre la substance. Jeune Afrique a tenté, sans succès, de joindre Wadii Al Jari, le président de l’instance. Mais selon nos informations, le bureau fédéral de la FTF a décidé de mettre fin à cette collaboration avec le technicien en raison de ses méthodes de management. Certains joueurs, la plupart binationaux, ont été surpris par l’attitude de leur sélectionneur, lors des stages de septembre, avant la victoire au Swaziland (2-0), et d’octobre, précédant la double confrontation face au Niger (1-0, 2-1).

Des joueurs ne vivaient pas très bien sa façon de communiquer sur le terrain et ils l’ont fait savoir au président

« J’étais au courant de son caractère un peu impulsif. On m’avait prévenu, donc cela ne m’a pas étonné. C’est vrai que pendant les entraînements, il est très démonstratif : il crie, il peut proférer des insultes, mais c’est théâtral. Moi, ça avait plutôt tendance à me faire rire. Juste après, il est tout calme, tout gentil. Il vit son truc. Il a bon fond. Il nous faisait travailler à l’entraînement, ses séances n’étaient pas épuisantes mais je sais que des joueurs ne vivaient pas très bien sa façon de communiquer sur le terrain. Ils l’ont fait savoir au président », explique un international, sous couvert d’anonymat. Informé, ce dernier a souhaité en parler avec Benzarti, qui n’a pas donné suite. Et ce refus aurait crispé Al Jari, le renforçant dans sa volonté de se séparer de son coach.

Benzarti n’avait pas encore signé de contrat

La nouvelle a évidemment fait beaucoup de bruit en Tunisie. « Benzarti est un compétiteur, tout le monde au pays connaît son caractère entier. C’est quelqu’un qui a des résultats, son CV le prouve. Il fait gagner ses équipes, ce n’est pas toujours spectaculaire, mais c’est efficace. La Fédération savait très bien comment il fonctionnait », intervient un entraîneur de club.

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Benzarti, que la Fédération avait débauché du Wydad Athletic Club de Casablanca, où il gagnait beaucoup plus qu’à la tête de la sélection tunisienne – son salaire était d’environ 13 000 euros par mois, hors primes – ne devrait pas en rester là. Car l’ex-sélectionneur des Aigles n’avait pas encore signé de contrat. Et selon une source proche de la FTF, aucun salaire ne lui avait encore été versé.

La FTF, qui va se mettre en quête de son successeur, s’orienterait vers une piste étrangère

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« J’ai accepté sans réfléchir. Quand on reçoit une offre de travailler pour son pays, cela me semble logique d’accepter », nous avait confié le technicien lors d’une interview en septembre dernier. La FTF, qui va se mettre en quête de son successeur, s’orienterait vers une piste étrangère. Elle devra aussi gérer son conflit avec Benzarti, réputé dur en affaires. Cela ne fait que commencer…

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