Centrafrique : tensions au PK5 après la pétition réclamant la destitution du président de l’Assemblée nationale

Alors qu’une réunion doit se tenir le 24 octobre pour décider de l’avenir du président de l’Assemblée nationale, Karim Meckassoua, la tension est montée d’un cran dans le quartier du PK5, à Bangui, où des habitants ont manifesté contre la pétition réclamant sa destitution.

Karim Meckassoua, ex-président de l’Assemblée nationale centrafricaine. © Vincent Fournier pour Jeune Afrique

Karim Meckassoua, ex-président de l’Assemblée nationale centrafricaine. © Vincent Fournier pour Jeune Afrique

Publié le 23 octobre 2018 Lecture : 3 minutes.

La tension régnait le 23 octobre dans le quartier musulman du PK5, à Bangui, à la veille de la conférence des présidents – rassemblant ceux de l’Assemble nationale, des commissions permanentes et des groupes parlementaires – qui devrait décider de l’avenir de Karim Meckassoua, le président de l’Assemblée nationale centrafricaine. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté contre une pétition déposée le 17 octobre dernier par 95 députés sur 140, réclamant la destitution de Karim Meckassoua pour différents manquements.

>>> À LIRE – Centrafrique : haro sur Karim Meckassoua, le président de l’Assemblée nationale

la suite après cette publicité

« Meckassoua doit rester ! », ont notamment scandé les manifestants, qui ont marché du PK5 jusqu’au quartier général de la Minusca, la Mission de l’ONU en Centrafrique.

Accusé de manquements

Cette procédure de destitution a été engagée par des députés proches de Faustin-Archange Touadéra, le chef de l’État. Mathurin Dimbelet Nakoé, député et deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, très proche du président centrafricain, a été le premier à signer la pétition.

Meckassoua n’est plus fiable

Ce dernier reproche à Karim Meckassoua d’avoir détourné « une partie des fonds destinés à acheter des kits pour les députés », précise-t-il à Jeune Afrique. « Il y a eu surfacturation dans les dépenses, d’un montant de 22 millions de francs CFA », ajoute-t-il. Il lui est également reproché d’avoir « retenu deux rapports d’audits réalisés par la Cour des comptes (…), empêchant le bureau de l’Assemblée de faire son travail », et le « recrutement abusif et clanique de personnes peu ou pas diplômées ».

« Meckassoua n’est plus fiable. On ne peut plus lui faire confiance », estime ainsi Mathurin Dimbelet Nakoé.

la suite après cette publicité

Tensions communautaires

Dans la circonscription de Karim Meckassoua, député du quartier sensible du PK5, certains habitants ont donc souhaité lui apporter leur soutien. « Nous voulons faire savoir à la communauté internationale, notamment à la Minusca, que c’est un nouveau trouble que les proches du président centrafricain cherchent à ramener dans le pays », précisait en amont de la manifestation Youssouf Atahir, l’un des organisateurs, joint par Jeune Afrique.

Selon lui, « ce sont des personnes qui souhaitent un trouble entre chrétiens et musulmans, parce qu’ils ne veulent pas d’un musulman comme décisionnaire dans les affaires du pays. »

la suite après cette publicité

Plusieurs députés interrogés par l’AFP estiment que la pétition et la tentative de destitution pourraient de nouveau être pilotée par la présidence centrafricaine, qui souhaiterait placer un de ses fidèles à la tête de l’Assemblée.

Le président de l’Assemblée nationale n’a pas peur et reste optimiste

De son côté, le camp de Karim Meckassoua se dit « confiant » et espère que la situation ne pèse pas sur le pays « déjà sous perfusion », affirme à Jeune Afrique Brice Ekomo, un de ses collaborateurs. « Le président de l’Assemblée nationale n’a pas peur et reste optimiste. Il a toujours été pour la transparence à tous les niveaux », souligne-t-il.

Pour lui, « un seul mot de Touadéra calmera les ardeurs des députés signataires de la pétition. La meilleure des solutions serait que les deux hommes se rencontrent. »

Pourtant membre de la majorité présidentielle dès son élection à la tête de l’Assemblée nationale, Karim Meckassoua avait été tranchant dans sa déclaration lors de l’ouverture de la session parlementaire en cours, mettant en garde contre des troubles dans le pays s’il venait à être destitué, alors que des rumeurs sur une possible pétition circulaient déjà. « Son discours incendiaire a été prononcé devant des diplomates. Il a clairement montré de quel bord il est », souligne Mathurin Dimbelet Nakoé, qui « tient à en finir cette semaine ».

Des soutiens de taille pour Karim Meckassoua

Mais à l’Assemblée nationale, Karim Meckassoua est sûr de compter sur des représentations politiques de taille, notamment le Rassemblement démocratique centrafricain (RDC), qui a même suspendu un de ses élus pour avoir signé la pétition.

En attendant, même si la requête des signataires de la pétition est valable selon l’article 70 de la Constitution centrafricaine, il faudra à ces députés attendre la décision prise lors de la conférence des présidents.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires