Guinée : affrontements entre forces de l’ordre et manifestants lors d’une marche interdite

Plusieurs centaines de manifestants et des forces de l’ordre se sont affrontés le 23 octobre à Conakry, au début d’une manifestation de l’opposition guinéenne interdite par les autorités.

Affrontements entre forces de l’ordre et manifestants, en 2015, à Conakry. © Youssouf Bah/AP/SIPA

Affrontements entre forces de l’ordre et manifestants, en 2015, à Conakry. © Youssouf Bah/AP/SIPA

Publié le 23 octobre 2018 Lecture : 3 minutes.

De nouveaux affrontements ont éclaté à Conakry, le 23 octobre, entre forces de l’ordre et manifestants, dès le début d’une marche de l’opposition guinéenne interdite par les autorités.

Après avoir tenté de couper la circulation dans le quartier de Cosa, les manifestants ont lancé des pierres sur les policiers, qui ont répliqué à coups de gaz lacrymogènes, a indiqué un témoin à l’AFP. Les dirigeants de l’opposition avaient appelé à manifester pour protester contre la violation, selon eux, par le pouvoir d’un accord conclu en août sur l’installation des élus locaux après le scrutin contesté du 4 février lors des élections communales. En fin de matinée, ces dirigeants n’étaient pas encore arrivés au point de rassemblement, toujours selon ce même témoin.

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Cellou Dalein Diallo dénonce une « tentative d’assassinat »

L’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition et principal opposant au président Alpha Condé, a dénoncé de son côté une « tentative d’assassinat » après que son véhicule a été traversé par une balle alors qu’il se rendait à la manifestation. « Les gendarmes ont visé et ils ont tiré. Mon chauffeur est blessé au visage par des éclats de verre », a-t-il déclaré à l’AFP.

« La balle est passée juste entre mon chauffeur et moi », a-t-il poursuivi, en montrant du doigt les impacts d’une balle ayant traversé les vitres avant et arrière du véhicule.

Le porte-parole de la police et le ministre de l’Administration territoriale, Bouréma Condé, n’ont pas répondu aux sollicitations de l’AFP. « On a voulu m’assassiner », a assuré le chef de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), en mettant en cause le chef de l’État. « La fois dernière, je vous avais dit qu’il (Alpha Condé) a ordonné de m’assassiner. Voilà la preuve la plus éloquente, regardez le pare-brise », a-t-il poursuivi.

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« Tout regroupement sera réprimé »

« Tout regroupement tendant à provoquer une marche ou à empêcher les gens de circuler sera réprimé », avait prévenu en amont le général Ansoumane Camara, le chef des unités d’intervention de la police. « Les instructions qui ont été données par l’autorité civile vont être exécutées à la lettre. Nous sommes des appliquant de la loi et elle va être appliquée », avait-il ajouté devant des journalistes.

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Malgré une interdiction de manifester décrétée la veille par les autorités locales, l’opposition avait décidé de maintenir son appel, une semaine après la mort d’un jeune homme lors de deux journées « ville morte ».

Les autorités communales de Matoto, quartier de Conakry, ont expliqué être dans « l’impossibilité de sécuriser » la manifestation tout en assurant la protection des établissements scolaires. Selon elles, des « loubards » menacent de « sortir les élèves qui veulent suivre des cours » alors que le secteur de l’enseignement est perturbé depuis plus de deux semaines par une grève.

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« On est dans la jungle, l’État n’existe plus »

« On n’a pas besoin de respecter ce que la mairie a dit, parce qu’on a l’impression qu’on est dans un pays sans loi, on est dans la jungle, l’État n’existe plus », avait déclaré lundi Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, opposition).

L’installation des élus communaux a commencé au début du mois sous la supervision de délégués du ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation. Mais l’opposition accuse le pouvoir de corrompre certains de ses élus pour s’assurer le contrôle de mairies à travers le pays.

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