Fin de cavale

L’arrestation du meurtrier de Carlos Cardoso, journaliste vedette du pays, permettra- t-elle de remonter jusqu’aux commanditaires ?

Publié le 28 février 2005 Lecture : 2 minutes.

Dans l’avion qui quitte le Canada, le 21 janvier 2005, à destination de Maputo, via Londres et Johannesburg, un homme escorté par la police sud-africaine et attendu par une trentaine d’agents de la police mozambicaine. Son nom : Anibal Antonio dos Santos Junior. Son surnom : Anibalzinho. Son âge : 33 ans.
Aussitôt arrivé en Afrique, l’assassin le plus connu du Mozambique est conduit dans une cellule spéciale de la prison de haute sécurité de Maputo. Il ne bénéficiera d’aucun droit de visite. Il faut dire que celui qu’on soupçonne d’être le tueur à gages embauché pour éliminer le journaliste Carlos Cardoso, alors directeur du quotidien Metical, est un as de l’évasion. Il s’est fait la belle une première fois en septembre 2002. Capturé à Pretoria (Afrique du Sud) en janvier 2003, le jour même où il était condamné par contumace à vingt-huit ans de prison, il s’est de nouveau enfui en mai 2004. Cette fois, il a demandé l’asile politique au Canada, mais Interpol l’a cueilli quelques jours à peine après son arrivée à Toronto.
Louches, ces nombreuses évasions ? Pas qu’un peu. Anibalzinho aurait bénéficié de bien des complicités. Malgré l’exceptionnelle efficacité de la justice, le voile n’a pas été totalement levé sur « l’affaire Cardoso » depuis le drame du 22 novembre 2000.
Ce jour-là, sur l’avenue Martires de Machava, à Maputo, deux hommes bloquent la voiture du directeur du Metical et l’arrosent d’une rafale d’AK-47. Touché de plusieurs balles à la tête, Cardoso meurt sur le coup. Son chauffeur est grièvement blessé. L’affaire fait grand bruit : âgé de 48 ans, réputé pour ses révélations, le directeur du Metical était le journaliste le plus connu du pays. Au jour de sa mort, il enquêtait sur une grave affaire de corruption : le détournement d’environ 14 millions d’euros de la Banque commerciale du Mozambique. Il avait déjà osé citer les noms de trois hommes d’affaires influents, les frères Satar et Vicente Ramaya.
Le procès des assassins présumés – suivi attentivement par l’ensemble de la population – a eu lieu en janvier 2003. Six personnes ont été condamnées à de lourdes peines de prison. Si l’on en croit l’association Reporters sans frontières (www.rsf.org), deux des principaux prévenus auraient mis en cause Nyimpine Chissano, le fils de l’ancien chef de l’État, et l’auraient accusé d’être le commanditaire du meurtre. Interrogé par le juge Augusto Paulino, il a farouchement nié et n’a pas été mis en examen.
Rendue possible parce qu’il a abandonné sa demande d’asile au Canada, l’extradition d’Anibalzinho pourrait permettre de tirer les choses au clair. Le tueur présumé, surveillé jour et nuit par vingt gardes armés, pourrait révéler le nom des commanditaires du meurtre lors du procès à venir. Pour RSF, qui reconnaît le bon travail de la justice mozambicaine, le pays « doit poursuivre ses efforts afin de prouver que l’impunité n’est pas inéluctable en Afrique… »

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