« Nous mourrons avec elle » : à Sétif, la résistance s’organise pour protéger la statue d’Ain El Fouara

Régulièrement victime d’actes de vandalisme, la statue d’Ain El Fouara, représentant une femme aux seins nus, peut compter sur la surveillance de certains habitants de Sétif, bien décidés à ne pas voir ce « patrimoine collectif », sacré pour certains, réduit en poussière.

La statue de Sétif, défigurée par un individu le 18 décembre 2017. © Capture écran/YouTube.

La statue de Sétif, défigurée par un individu le 18 décembre 2017. © Capture écran/YouTube.

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Publié le 25 octobre 2018 Lecture : 6 minutes.

« Je suis venu la démolir, je vais la démolir. Oui, je vais la démolir… » Calotte blanche sur la tête, veste grise sur un kamis blanc, grosse masse de maçon dans la main droite, Ahmed, 30 ans, a une mission particulière en cette matinée du 9 octobre : détruire la statue d’Ain El Fouara, l’emblématique fontaine publique de la ville de Sétif, à quelque 300 km à l’est d’Alger.

Il monte sur le socle de la statue en marbre et assène un, deux, trois, quatre coups de masse sur la tête de la femme aux seins nus. Pendant quelques secondes, les rares badauds proches de la fontaine se figent. Puis des cris de protestation fusent. Interpellés, des passants filment la scène avec leur téléphone.

« Ne faites pas ça »

Gérant du « Café de la Mosquée » qui fait face à Ain El Fouara, Abdallah, 50 ans, est le premier à intervenir sur l’homme qui continue d’hurler son envie de démolir la statue représentant la femme aux seins nus. « Ne faites pas ça, lui crie Abdallah. C’est un bien public. Il fait partie du patrimoine de Sétif. N’y touchez pas. »

>>> À LIRE – [Chronique] Sétif : haro sur la statue nue de Ain El Fouara

L’homme à la masse s’arrête. Des riverains viennent en aide pour tenter de ramener l’agresseur à la raison. Petits palabres, cris et gesticulations. Puis l’homme détale, court vers la mosquée qui jouxte la caserne militaire, avant d’être terrassé par le croche-pied d’un soldat en faction. Interpellé par la police et présenté devant la justice, il est placé en détention provisoire.

Surveillance nuit et jour

Acte d’un déficient mental ou œuvre d’un extrémiste islamiste, ce vandalisme, qui fait suite à la démolition partielle de la statue en 2017, révulse et inquiète l’opinion algérienne. En décembre de cette année-là, un forcené s’était déjà attaqué à cette sculpture en marbre blanc à l’aide d’un marteau et d’un burin, endommageant gravement ses seins, son visage ainsi que ses parties inférieures. Aussitôt arrêté, le forcené avait été admis dans un hôpital psychiatrique, où il se fait encore soigner.

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