Cameroun : Cabral Libii dément vouloir entrer dans un gouvernement de Paul Biya

Arrivé troisième lors de la présidentielle, Cabral Libii est désormais au cœur d’une polémique, suite à une interview accordée à la BBC dans laquelle il déclare être « prêt à rejoindre le gouvernement de Paul Biya ». Des propos qu’il dément à Jeune Afrique, en invoquant des erreurs de montage.

Cabral Libii, candidat à la présidentielle camerounaise de 2018. © Page Facebook de Cabral Libii

Cabral Libii, candidat à la présidentielle camerounaise de 2018. © Page Facebook de Cabral Libii

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 24 octobre 2018 Lecture : 3 minutes.

Vingt-quatre heures après la diffusion, le 23 octobre, de l’interview qu’il a accordée à la BBC – dans laquelle il affirme qu’il « n’exclut pas » de travailler avec le président réélu, Paul Biya -, Cabral Libii est formel : « Je n’entrerai jamais dans un gouvernement Biya dans les conditions actuelles », a-t-il assuré le 24 octobre, en marge d’une conférence de presse donnée au siège de son parti Univers à Yaoundé. Le candidat arrivé troisième à la présidentielle camerounaise accuse la BBC d’avoir « coupé ses propos ».

La nécessité d’une « transition »

La chaîne britannique a, très rapidement, mis en ligne l’intégralité de l’entretien sur son site. Cabral Libii s’y livre à une critique en règle du processus électoral. Il y qualifie les résultats officiels de « forfaiture », assure également que « l’opposition a gagné cette élection », tout en reconnaissant n’être « pas en mesure de le prouver ». Et s’il écorne aussi le manque d’unité de l’opposition, c’est en répondant à une question sur une éventuelle participation à un gouvernement RDPC, le parti au pouvoir, que Cabral Libbii livre les mots qui vont déclencher la polémique.

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« Je n’excluerai jamais de travailler pour construire mon pays, mais dans un cadre de discussion qui met en avant des réformes structurelles sur le système électoral (…) qui garantissent un travail constructif, un travail transparent, non pas des petits arrangements pour des postes ministériels », déclare Cabral Libii au micro de la BBC. « Si c’est dans cette perspective que l’on prend contact avec ma modeste personne, ce sera peine perdue. »

Et à la journaliste, qui lui demande s’il serait prêt à intégrer le gouvernement si on l’y invitait, il répond : « On est toujours prêt à travailler pour construire son pays, tant que les conditions d’un travail constructif sont mises en place. Un gouvernement qui a gagné avec 71%, s’il veut s’attacher le service des gens juste pour la façade, juste pour meubler, juste pour faire semblant, juste pour des annonces comme on y est habitué au Cameroun, ce pouvoir-là peut être sûr qu’il ne peut compter sur moi. »

Déjà trop tard pour ses militants ?

Même entourés de milles précautions oratoires et conditions préalables, les mots qui ont été portés ont bel et bien été que le candidat « n’exclut pas » de travailler avec le RDPC. Depuis, les accusations de « trahison » fusent dans les rangs de ses partisans. Et sur les réseaux sociaux, c’est l’emballement.

J’ai pris la décision de me désolidariser de cet appel du pied qui est une forme de moquerie vis-à-vis de nous, ses militants

« La sortie de Cabral Libii [le 23 octobre] sur la BBC m’a choqué. Je l’ai écouté et après analyse et réflexion, en homme digne et cohérent, j’ai pris la décision de me désolidariser de cet appel du pied qui est une forme de moquerie vis-à-vis de nous, ses militants », affirme un jeune partisan, qui brandit sa carte de membre du Mouvement 11 millions de citoyens, créé par Cabral Libii. « Qu’il en vienne même à envisager sous certaines conditions, une possibilité de travailler avec le gouvernement de la fraude est un scandale », martèle-t-il.

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Dans une tribune, le journaliste Sam Severin Ango n’hésites pas à qualifier Cabral Libii de « déception de la jeunesse » et même de « traître ».

Devant le tollé provoqué par ses propos, le candidat malheureux à la présidentielle affirme dans un message sur les réseaux sociaux qu’une partie de son développement n’a pas été retenu dans l’enregistrement diffusé : « Il s’agit des conditions d’une transition. Elles doivent porter sur des réformes structurelles touchant au code électoral, à la Constitution. Il s’agit en réalité de mettre en place un comité de normalisation démocratique. En plus, il faudra réformer le fonctionnement de l’État pour privilégier la transparence et la performance », affirme-t-il avoir déclaré à la BBC.

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Et dans ce brouhaha de contestations, les explications de Cabral Libii semblent bien peu audibles. Le candidat arrivé troisième à la présidentielle enchaîne depuis les interviews, mais son message peine à passer. À Jeune Afrique, Cabral Libii affirme encore : « Chacun est libre de penser ce qu’il veut de ma sortie, mais ma position est claire en ce qui concerne mon entrée dans le gouvernement. »

La BBC n’a pas réagi à la polémique. Cabral Libii, lui, affirme s’être gardé d’en contacter les responsables : « Je pense qu’ils ont constaté l’ampleur de la polémique créée vu qu’ils ont eux-mêmes diffusé l’intégralité de l’interview sur les réseaux. J’estime que c’est un média assez sérieux, je ne peux pas dire si c’était volontaire ou pas ».

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