Football : Paul Put et la Guinée, une collaboration qui fonctionne
À deux journées de la fin des éliminatoires pour la CAN 2019, la Guinée est quasiment qualifiée pour le tournoi. Le Belge Paul Put, nommé en mars dernier, est en passe d’atteindre son premier objectif.
À une dizaine de minutes près, la Guinée rejoignait Madagascar, le Sénégal, l’Égypte et la Tunisie, déjà tous qualifiés pour la phase finale de la CAN 2019 au Cameroun (15 juin-13 juillet), avec le pays organisateur. Mais un but du Rwandais Jacques Tuyisenge, lors du match entre les Amavubi (l’équipe rwandaise) et les Guinéens le 16 octobre, a remis à plus tard la petite fête prévue pour sceller les retrouvailles du Sily national avec la CAN, dont il a manqué la dernière édition au Gabon, après un quart de finale en 2015.
Les Guinéens pourraient définitivement se qualifier le 16 novembre prochain à Conakry, face à la Côte d’Ivoire, où au plus tard en mars 2019, en Centrafrique.
>>> À LIRE – Guinée – Football : le rude Paul Put nommé sélectionneur du Syli national
Alain Traoré : « Je ne suis pas surpris »
Lappé Bangoura, le prédécesseur de Paul Put, avait mis sa sélection sur de bons rails, lors d’une spectaculaire victoire à Bouaké face aux Éléphants en juin 2017 (3-2), quelques mois avant d’être éjecté par sa fédération en plein Championnat d’Afrique des nations (CHAN). Le Flamand, après une défaite sans conséquence en Mauritanie (0-2) en amical un mois après son arrivée, a réussi là où on l’attendait. Son équipe a fait le plein à Conakry face à la Centrafrique (1-0, le 9 septembre), puis au Rwanda (2-0, le 12 octobre), avant de rapporter un point de Kigali.
Avec dix points et une avance de trois unités sur la Côte d’Ivoire et six sur la Centrafrique, on ne voit pas bien comment la Guinée pourrait passer à côté d’une qualification qui lui tend les bras. « Je ne suis pas surpris par les bons résultats obtenus par cette équipe. Paul Put avait fait du bon travail quand il entraînait le Burkina Faso : nous avions atteint la finale de la CAN 2013 en Afrique du Sud (0-1 face au Nigeria) et manqué de peu une qualification pour la Coupe du monde contre l’Algérie (3-2, 0-1). Il est rigoureux. On travaillait beaucoup tactiquement et il voulait de la discipline », se souvient Alain Traoré, l’attaquant des Étalons, l’équipe burkinabè.
Il fallait travailler tactiquement, physiquement, mais aussi mentalement
Paul Put : « Les joueurs étaient en manque de confiance »
Quand Antonio Souaré, le président de la Fédération guinéenne de football (Feguifoot) porte son choix sur Paul Put, ce dernier vient de rompre son contrat avec le Kenya, avec qui il s’était mis d’accord quelques semaines plus tôt.
« Pour le premier stage avant le match en Mauritanie, ce qui m’intéressait était d’observer le comportement des joueurs. Et j’ai vu que les joueurs étaient un peu en manque de confiance. Le talent existe, mais ça ne fait pas tout. J’ai expliqué que je ne voulais pas de clans, que l’état d’esprit était le plus important. Il fallait donc travailler tactiquement, physiquement, mais aussi mentalement. En fait, ce qui m’a vraiment rassuré, c’est qu’au mois de juin, alors que ce n’était pas une date FIFA, les joueurs sont venus pour un stage au Maroc. Pour travailler, j’ai besoin de ceux qui veulent vraiment venir en sélection, jouer pour leur pays. J’ai fait des choix. Un joueur qui va chercher des excuses pour ne pas se déplacer ne m’intéresse pas. »
Paul Put a également beaucoup discuté avec Ibrahima Traoré, qui s’était mis en marge de la sélection à plusieurs reprises, parfois lassé par le manque de professionnalisme dans le fonctionnement de la sélection. Le milieu offensif du Borussia Mönchengladbach, après plusieurs discussions avec Put, a effectué son retour lors du stage printanier au Maroc. Et le Flamand a vu Amadou Diawara, le milieu de Naples, accepter de rejoindre le Sily, après des mois de négociations principalement menées par Souaré.
« Je ne voulais pas le forcer. Il fallait que la décision vienne de lui », explique le Belge, ravi de pouvoir également s’appuyer sur Naby Keita (Liverpool), dont il loue l’état d’esprit et l’investissement. « C’est un joueur aussi fort que discret, qui est très attaché à son pays. »
Ce qu’il veut, c’est qu’on fasse preuve de plus de solidité et d’efficacité
Mohamed Yattara : « Put est très exigeant »
Après sept mois à la tête du Sily, Paul Put a emporté l’adhésion de ses joueurs, comme le confirme l’attaquant d’Auxerre Mohamed Yattara (28 sélections, 9 buts).
« C’est un coach qui a une grande exigence. Sa rigueur lors des entraînements et des matches est très élevée. Au niveau discipline également. Il a compris que l’effectif avait de la qualité technique. Mais notre problème, à nous Guinéens, c’est de jouer un peu trop de manière facile. Ce qu’il veut, c’est qu’on continue de produire du bon football, mais en faisant preuve de plus de solidité et d’efficacité », poursuit l’ancien joueur de l’Olympique lyonnais.
Le 16 novembre prochain, la Guinée pourrait s’épargner quatre mois de stress, à condition de prendre un point face aux Éléphants. « La qualité de l’adversaire nous obligera à être très sérieux et concentrés. On ne va pas jouer contre n’importe qui. On touche au but, on a réappris à gagner chez nous, les supporters sont derrière la sélection. Mais ce n’est pas encore fait », prévient Yattara. L’expérience de Paul Put devrait être très utile…
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