Affaire Khashoggi : le prince héritier saoudien qualifie de « crime haineux » le meurtre du journaliste
Le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed Ben Salman a qualifié mercredi de « crime haineux » le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat en Turquie, affirmant que Ryad coopérait avec Ankara et que « la justice prévaudra ».
C’est depuis le forum international de Ryad que le prince Mohammed Ben Salman a fini par évoquer l’affaire mercredi, pour la première fois dans une enceinte publique, qualifiant le meurtre de Jamal Khashoggi d’ « incident hideux » et promettant que « la justice prévaudra ».
L’héritier du trône du premier exportateur de pétrole au monde a également affirmé que « la justice prévaudra » dans cette affaire et qu’il n’y aurait « pas de rupture des liens avec la Turquie ».
« Beaucoup essayent d’exploiter l’affaire Khashoggi pour créer un antagonisme entre l’Arabie saoudite et la Turquie mais ils ne réussiront pas », a ajouté le prince héritier. Il a eu un entretien téléphonique mercredi avec Recep Tayyib Erdogan, le premier depuis le début de l’affaire.
La presse turque a publié des détails macabres sur le meurtre de ce collaborateur du Washington Post. Mais si les médias ont mis en cause Mohammed ben Salman, Erdogan s’est jusqu’à présent gardé de l’accuser directement.
Ambiance particulière
Des délégués se pâment devant des musiciens jouant « Hotel California » en marge d’un forum international sur l’investissement à Ryad, où les autorités saoudiennes veulent montrer que les affaires continuent malgré le scandale autour du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.
Le forum été totalement éclipsé d’un point de vue économique par les retombées politiques du meurtre du journaliste
Des « méga-projets » de plusieurs milliards de dollars ont été annoncés, de somptueux buffets ont été proposés au forum Future Investment Initiative (FII) et, mardi, certains des participants se sont bousculés pour approcher le prince héritier Mohammed ben Salman.
Mais malgré annonces, concerts et buffets, ce forum de trois jours, destiné à projeter à l’international le royaume pétrolier désertique comme une destination d’affaires lucrative, a été totalement éclipsé d’un point de vue économique par les retombées politiques du meurtre du journaliste et opposant saoudien Jamal Khashoggi.
Critique du puissant prince héritier, surnommé MBS, Jamal Khashoggi a été tué dans le consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre, un meurtre qui a suscité une vague de critiques internationales et provoqué des défections en masse de participants au forum économique.
Régression
Cette édition n’a donc rien à voir avec celle de l’année dernière où le prince Mohammed, parrain de l’évènement, avait ébloui des centaines d’investisseurs internationaux avec un projet de mégapole high-tech de 500 milliards de dollars sur la mer Rouge et un robot parlant nommé Sophia qui avait obtenu la nationalité saoudienne.
Le prince a été ensuite décrit par des décideurs et des médias internationaux comme un réformateur après avoir autorisé les femmes à conduire dans ce royaume ultraconservateur. Et des hommes d’affaires du monde entier s’étaient pressés à Ryad.
Pas au rendez-vous
Mais cette année, les grands décideurs n’étaient pas au rendez-vous, à l’instar du milliardaire britannique Richard Branson, du patron de SoftBank Masayoshi Son et du PDG de Siemens Joe Kaeser qui ont annulé leur venue, ou de la directrice du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde.
Absents aussi les stands lumineux de grands organes d’information occidentaux, qui étaient partenaires de l’évènement en 2017, mais ont préféré décliner cette année.
Mercredi, les organisateurs se sont empressés de remplacer les absents politiques des Etats-Unis et d’Europe par des personnalités régionales, le roi de Jordanie et le Premier ministre désigné du Liban, ainsi que par des dirigeants africains comme les présidents du Sénégal et du Gabon.
Ils ont continué à projeter les ambitions économiques du royaume, avec une voiture électrique Lucid exposée à l’extérieur du lieu du déjeuner. Chaque délégué a par ailleurs reçu un livre volumineux intitulé « Un plan pour le XXIIe siècle ».
Nombre d’hommes d’affaires occidentaux ont semblé réticents à partager leurs cartes de visite avec des journalistes.
Des délégués, venus en grande partie de pays arabes, dont beaucoup d’Arabie saoudite, étaient là pour écouter les projets du prince héritier. Nombre d’hommes d’affaires occidentaux ont tenté eux de se montrer discrets, certains semblant réticents à partager leurs cartes de visite avec des journalistes.
Le scandale a terni l’image du prince Mohammed qui, selon le président américain Donald Trump, a nié toute implication.
Ryad a annoncé des arrestations et des limogeages, notamment au sommet des services de renseignement, dans le cadre de cette affaire.
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