Tunisie : un eurobond de 500 millions d’euros pour financer le budget 2018
Le gouvernement tunisien vient de lever 500 millions sur les marchés internationaux. Une entrée de devise qui arrive à point nommé, dans un contexte où les réserves de change se sont considérablement réduites en un an.
Une bouffée d’air budgétaire. C’est ce que la Tunisie espère s’offrir, dans un contexte particulièrement difficile pour le pays, dont les réserves de devises ont fondu en un an. Là où elles représentaient l’équivalent de 3,3 mois d’importations en septembre 2017 – un seuil déjà considéré comme critique -, elles sont tombées à 2,5 mois septembre 2018.
Face à cette pénurie, la banque centrale tunisienne a émis un eurobond à cinq ans d’un montant de 500 millions d’euros le 24 octobre, avec un taux d’intérêt de 6,75 %. En avril dernier, l’Égypte a levé 2 milliards d’euros. Pourtant moins bien classé par les agences de notations (Moody’s lui attribue la note B3, contre B2 à la Tunisie), le pays a cependant obtenu des taux de 4,75 % sur huit ans et 5,625 % sur douze ans.
Initialement, le gouvernement avait prévu de lever le double, soit un milliard d’euros. Mais les autorités tunisiennes ont revu leurs ambitions à la baisse, sans donner les raisons de ce réajustement de dernière minuter. Cent vingt institutions financières ont d’ores et déjà soumissionné pour cette obligation d’État en devise, qui a été sur-souscrite 2,5 fois, précise la banque centrale tunisienne.
Les 500 millions d’euros levés sur le marchés seront utilisés dans le cadre du financement des besoins budgétaires pour 2018. Un budget 2018 qui prévoyait déjà une série de mesures d’économie drastiques, parmi lesquelles le gel des recrutements dans la fonction publique et des hausses d’impôts.
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Perspectives « négatives » sur la note souveraine
Ce recours aux marchés pour financer le budget de l’année en cours intervient dans une situation économique contrastée pour la Tunisie. Le FMI prévoit certes un rebond de l’activité économique en Tunisie, avec un taux de croissance de 2,4 % en 2018 (contre 2 % en 2017), mais la fonte des réserves de change est un très mauvais signal envoyé aux investisseurs étrangers. Mi-octobre, l’agence de notation Moody’s – qui avait déjà abaissé d’un cran la note souveraine de la Tunisie en février 2018 – a fait passer les perspectives de « stable » à « négative » sur l’évaluation du pays.
Cette chute des réserves de change est principalement imputable à la dégradation de la balance commerciale. Son déficit a atteint 13,3 % du PIB sur les neuf premiers mois de 2018, contre 11,9 % sur l’ensemble de l’année 2017.
Le déficit commercial hors pétrole s’est en revanche stabilisé à 8,9 % du PIB entre janvier et septembre 2018, contre 9,1 % sur la même période en 2017.
>>> À LIRE – Finance : comment la Tunisie a frôlé le défaut de paiement
850 millions d’euros levés en février 2017
En février 2017, le pays avait déjà levé 850 millions d’euros sur les marchés internationaux. Déjà, les ambitions initialement affichées – un milliard d’euros – avaient été revues à la baisse. Le gouvernement avait alors obtenu un taux d’intérêt de 5,75 % pour cette obligation sur-souscrite 1,8 fois.
Par ailleurs, le 28 septembre, le FMI a approuvé le versement d’une cinquième tranche de 247 millions de dollars (216,3 millions d’euros) à la Tunisie, dans le cadre du programme de Facilité élargie de crédit d’un montant de 2,6 milliards de dollars adopté en mai 2016. D’une durée de quatre ans, le programme de prêt du FMI est conditionné à une série de réformes, visant notamment à réduire le déficit public.
« Les engagements financiers des donateurs et l’émission d’un eurobond couvriront les besoins de financement pour 2018-2020 » note le dernier rapport du Fonds sur le pays. Le 20 septembre, la Banque mondiale a décaissé un prêt de 500 millions de dollars pour soutenir le budget de la Tunisie.
Mais les deux prochaines années ne seront pas de tout repos : certains donateurs, tels que la Banque africaine de développement et la Banque mondiale, pourraient avoir moins de marges de manœuvres que prévues, ou envisager un niveau d’engagement moins important, notamment budgétaire, met en garde le FMI.
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