Que veut (et que peut) la France ?

Publié le 29 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

Si Nicolas Sarkozy se refuse toujours à envisager une visite à Abidjan avant la tenue d’une élection présidentielle transparente, si ce n’est incontestée, il n’en a pas moins rencontré Laurent Gbagbo à deux reprises depuis son accession au pouvoir il y a huit mois. Une première fois, très brièvement, à New York, et une seconde fois, plus longuement, le 8 décembre à Lisbonne. C’est dire si tout ou presque a changé depuis le départ du trio Chirac-Bonnecorse-Girardin, en situation de blocage total (et personnalisé) avec le président ivoirien. Aujourd’hui, l’hypothèse d’une réélection de Gbagbo n’est plus jugée insupportable vue de Paris, et la relation franco-ivoirienne est à double commande. Côté formel : Bruno Joubert, le conseiller Afrique de Sarkozy, et l’un de ses deux adjoints, Romain Serman, travaillent en synergie avec leurs homologues du Quai d’Orsay, Jean de Gliniasty et Charlotte Montel, ainsi qu’avec l’ambassadeur de France à Abidjan André Janvier. Une certaine méfiance à l’égard de Laurent Gbagbo reste de mise au sein de ce premier cercle, même si cette réticence ne se traduit pas par une sympathie particulière à l’égard de l’un ou l’autre de ses adversaires. Côté informel, le secrétaire général de l’Élysée Claude Guéant maintient un rapport téléphonique indirect avec Gbagbo (et avec le Premier ministre Guillaume Soro) via l’avocat Robert Bourgi, mais on sait aussi qu’Alassane Ouattara conserve ses entrées dans le bureau de Nicolas Sarkozy. Deux autres cercles enfin jouent un rôle non négligeable. Les militaires, traditionnellement plutôt réservés vis-à-vis du pouvoir en place à Abidjan, dont l’influence est appelée à diminuer avec la réduction des effectifs de l’opération Licorne (de 2 400 à 1 800 hommes d’ici fin mars). Et les milieux d’affaires (Bouygues, Bolloré, Sagem), d’autant plus favorables à Gbagbo que ce dernier a toujours pris grand soin de ne pas les léser. Si la France de Chirac avait donc clairement une politique ivoirienne (anti-Gbagbo), celle de Sarkozy n’a pas encore tranché. Une ambiguïté qui, aux yeux du « camarade Laurent », n’en constitue pas moins un progrès encourageant

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