Tunisie : faut-il rejuger Ahmed Friaa, le dernier ministre de l’Intérieur de Ben Ali ?

Ahmed Friaa, ministre de l’Intérieur lors des premiers jours de la révolution, se prépare à être rejugé par la justice transitionnelle, dans une affaire pour laquelle un non-lieu avait déjà été prononcé en 2012. Un fait juridique rare, qui suscite de vifs débats dans le pays.

Audiences publiques de l’Instance vérité et dignité à Tunis, le 10 mars 2017. © Capture d’écran/Instance Vérité Dignité/Youtube

Audiences publiques de l’Instance vérité et dignité à Tunis, le 10 mars 2017. © Capture d’écran/Instance Vérité Dignité/Youtube

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Publié le 26 octobre 2018 Lecture : 6 minutes.

Une manifestation se tiendra, vendredi 26 octobre, en signe de soutien à l’ancien ministre de l’Intérieur Ahmed Friâa, jugé à nouveau pour la répression des manifestations du 13 janvier 2011. Elle aura lieu devant le gouvernorat de Zarzis, la ville natale du mis en cause.

« Aucun Tunisien, je dis bien aucun, n’échappera à la justice », déclarait à Jeune Afrique Ahmed Friaa, ex-ministre de l’intérieur, le 26 janvier 2011. Il était sans doute loin d’imaginer qu’il serait directement concerné, et ce par deux fois.

>>> À LIRE – Justice transitionnelle en Tunisie : nombre record d’affaires envoyées en jugement au mois de mai

Au total, l’homme n’a été en poste qu’une quinzaine de jours, à compter du 12 janvier 2011. Cet universitaire, ingénieur et mathématicien, n’avait pas vraiment le profil pour le poste. Titulaire des portefeuilles de l’Éducation (1994), puis des Technologies de la communication (1997 à 2002), il avait disparu depuis plusieurs années de la vie politique. La nomination de ce libéral à un poste régalien était en fait « un signe d’ouverture au plus fort de la contestation », comme le rappelait à l’époque Jeune Afrique.

La justice transitionnelle, une « seconde chance »

Jugé en juillet 2012 par un tribunal militaire pour son rôle supposé dans la répression contre les manifestants de Thala et de Kasserine l’année précédente, mais aussi inculpé dans le procès des blessés et martyrs de la révolution dans le Grand-Tunis et cinq autres gouvernorats, il avait bénéficié d’un non-lieu. Et pour cause : Ahmed Friaa affirme avoir ordonné à ses subordonnés de ne pas utiliser les armes.

Un jugement qui ne semble convaincre ni l’Instance Vérité et Dignité (IVD), ni l’association Awfia, regroupement des familles des martyrs et des blessés de la révolution, plaignante dans cette affaire. Le 19 octobre 2018, la chambre pénale spécialisée en justice transitionnelle au tribunal de première instance de Tunis a également demandé l’interdiction de voyage des accusés : les anciens ministres de l’Intérieur Rafik Haj Kacem et Ahmed Friaa, mais aussi des anciens cadres sécuritaires comme Abdel Touiri, Lotfi Zouaoui, Jalel Boudriga et Abdelbasset Ben Mabrouk.

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La présidente de l’organisation Awfia, Lamia Farhani, avocate et sœur d’Anis Farhani, martyr tué par les policiers lors de la journée de manifestations du 13 janvier dans la rue de Cologne du quartier de Lafayette (Tunis), explique à Jeune Afrique que la nouvelle présence d’Ahmed Friaa sur le banc des accusés suit une logique juridique.

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