Le temps de l’Afrique

Publié le 28 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

Au moment où j’écris ces lignes, il y a stress, grand stress. Les cours des Bourses, à Londres, New York, Shanghai, Paris, Hong Kong, jouent aux montagnes russes. Ça plonge, ça remonte, ça replonge. Les petits épargnants sont au bord de la crise de nerfs. Les grands patrons de l’économie mondiale, gouvernants, entrepreneurs, banquiers, financiers, sont tétanisés par la perspective du mot terrible de neuf lettres : RÉCESSION.
La crise semble s’installer aux États-Unis. Le déficit public a explosé. Le dollar chute. Les grandes banques, laminées par la crise des subprimes (des crédits abusifs à taux variables distribués de manière irresponsable à des couples à revenus limités) font le tour du monde (Chine, Singapour, pays du Golfe) pour quémander des milliards de fonds propres. Aux États-Unis, grand pays du libéralisme, on s’inquiète de ces « étrangers » (surtout s’ils sont arabes et chinois) qui colonisent Wall Street.
Évidemment, pour le reste du monde, les nouvelles alarmantes de l’économie américaine sont très alarmantes. Les Américains, avec leur « hyper-marché » intérieur, leurs déficits géants, font tourner la machine économique de la planète. Ils consomment comme des dingues, importent à fond, et n’ont pas de soucis de découvert L’Europe, donc, a le souffle court. La croissance navigue déjà dans les très basses eaux. L’euro monte. L’inflation revient. Les grands pays émergents font le dos rond. Pour eux, les vrais acheteurs, les grands marchés, c’est l’Amérique du Nord et l’Europe. Que serait la très grande Chine sans les importations des États-Unis ?

Et l’Afrique dans tout ça ? L’Afrique, serait-on tenté de dire, ne va pas bien. Regardez l’affaire kényane : un pays en progrès, déchiré par des conflits politico-ethniques provoqués par une élection visiblement frauduleuse. L’Afrique souffrira si la crise mondiale s’installe. Pour un temps. Car, trop pauvres, nous sommes moins exposés que les grands pays aux retournements de la conjoncture internationale. Nous n’avons pas de grandes banques, pas de grandes industries. Mais nous sommes la dernière frontière de l’économie mondiale : nous avons beaucoup de matières premières, beaucoup d’espace, beaucoup d’opportunités. Les pays du Golfe font des plans mirifiques (et à confirmer). Les Chinois, les Indiens, les Russes se bousculent. Le monde émergent a besoin de bois, de pétrole, de caoutchouc, de zinc, de fer L’air du temps change. Pour la première fois depuis la fin des années 1970, on parle à nouveaux projets en Afrique. On parle même d’infrastructures. Les financements ne sont plus impossibles. Deux amis, très introduits, me l’ont dit : « L’Afrique sera au centre de la carte dans les années qui viennent »
Ça nous fera du bien de sortir de la longue spirale dépressive que nous venons de vivre. Ça nous fera du bien à condition que nous soyons capables de gérer cet engouement, de gérer cet argent, la tentation de la corruption Ça nous fera du bien, si nous privilégions d’abord nos millions de concitoyens, nos millions de frères africains qui vivent dans la misère.

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