[Tribune] L’Afrique n’a rien à craindre de la Chine !

L’Afrique a les moyens de faire que ce rapprochement avec la Chine soit un partenariat gagnant-gagnant, explique Souleymane Bachir Diagne.

Paul Biya, le président camerounais, et Xi Jiping, son homologue chinois, le 3 septembre 2018 à Pékin pour le sommet Chine-Afrique. © Andy Wong/AP/SIPA

Paul Biya, le président camerounais, et Xi Jiping, son homologue chinois, le 3 septembre 2018 à Pékin pour le sommet Chine-Afrique. © Andy Wong/AP/SIPA

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  • Souleymane Bachir Diagne

    Philosophe sénégalais, professeur de langue française et directeur de l’Institut d’études africaines à l’Université Columbia, New York

Publié le 2 novembre 2018 Lecture : 4 minutes.

C’est un sujet dont j’aurais aimé vous entretenir à la rentrée de septembre, juste après la tenue, à Pékin, du 13 au 20 août, du 24e Congrès mondial de philosophie, organisé tous les cinq ans par la Fédération internationale des sociétés de philosophie. D’autres thèmes se sont imposés dans l’actualité, me contraignant à renvoyer mon projet. Mais force est de constater que la question du soft power chinois en Afrique revient toujours au centre des débats, les détracteurs de l’empire du Milieu agitant comme un épouvantail ses supposées volontés hégémoniques.

La Chine a voulu accueillir le Congrès mondial de philosophie pour traduire le poids dont elle entend peser sur le cours des affaires du monde

À leurs yeux, des philosophes africains au pied de la Grande Muraille c’est autant de relais permettant à la Chine d’affirmer sa présence sur le continent. De la grande cérémonie d’ouverture au Palais du peuple à la présence envahissante des autorités, tout était là pour dire que ce congrès, la Chine l’avait voulu chez elle pour traduire le poids dont elle entend peser sur le cours des affaires du monde. En philosophie, qu’est-ce que cela veut dire ? Nombre de sessions du congrès ont été consacrées aux philosophies et philosophes d’Asie, anciens et modernes.

>>> À LIRE – Chine-Afrique : affluence record de chefs d’État et de gouvernement au sommet de Pékin

Soft power

Certes, la Chine tente de gagner la bataille de la séduction sur la scène internationale. Qui l’en blâmerait ? Elle fait partie des grandes puissances et en a adopté les codes. Lors du lancement, en 2002, du Chinese Bridge Project pour la promotion de la langue chinoise à l’étranger par le ministère chinois de l’Éducation, elle s’était fixé pour objectif de créer une centaine d’Instituts Confucius, destinés à faire rayonner sa culture. On en comptait plus de 500 en 2017, soit cinq fois plus, établis dans 140 pays du monde, dont 46 en Afrique. Si leur nombre est largement supérieur à celui des Goethe Institutes (160 centres, 94 pays), il reste très inférieur à celui des Alliances françaises (800, dans 132 pays).

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