Législatives au Gabon : l’opposition appelle ses militants à surveiller les bureaux de vote

Largement dominée lors du premier tour des législatives, l’opposition a prévu de faire le pied de grue dans les différents bureaux de vote à l’occasion du second tour des législatives ce samedi 27 octobre.

Une gabonaise vote à l’ouverture du scrutin présidentiel à Libreville, le 30 août 2009 (photo d’illustration). © JOEL BOUOPDA TATOU/AP/SIPA

Une gabonaise vote à l’ouverture du scrutin présidentiel à Libreville, le 30 août 2009 (photo d’illustration). © JOEL BOUOPDA TATOU/AP/SIPA

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Publié le 27 octobre 2018 Lecture : 3 minutes.

Installée dans ce qui devait initialement être son QG de campagne, Chantal Myboto se prépare pour le second tour des législatives. La trésorière adjointe de l’Union nationale (UN, opposition) dont la candidature aux législatives gabonaises avait été invalidée par la Cour constitutionnelle le 23 septembre s’apprête donc à passer sa journée à surveiller le déroulement du second tour. « On ne va rien laisser passer, on va scruter chaque bureau de vote jusqu’à 23 heures, ou minuit s’il le faut », prévient-elle.

Chantal Myboto a choisi de répondre favorablement à l’appel des leaders de l’opposition pour arpenter les bureaux afin de prévenir d’éventuelles irrégularités, lors du vote du 27 octobre.

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« Éviter un hold-up électoral »

Devant la centaine de militants venus l’écouter mercredi 24 octobre pour son avant-dernier meeting dans sons fief du quatrième arrondissement, Alexandre Barro-Chambrier, le chef de file du Rassemblement héritage et modernité (RHM), avait tenté de motiver les troupes : « Emmenez vos amis avec vous lorsque vous allez voter. Allez-y à cinq, dix s’il le faut mais restez attentif. C’est le seul moyen d’éviter le hold-up électoral débuté le 6 octobre », lors du premier tour.

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« Nous devons tirer le bilan du fait que le PDG [Parti démocratique gabonais, au pouvoir, ndlr] ne semble pas prêt à retenir les leçons de 2016 et organiser des élections transparentes », avait-il ajouté sous les applaudissement des militants. Crédité d’une courte avance au premier tour dans le quatrième arrondissement de la capitale avec 40,19% contre 38,78% pour son adversaire du PDG, Séverin-Pierre Ndong Ekomi, le candidat du RHM est passé à l’offensive dans l’entre-deux-tours et a multiplié les accusations à l’encontre du parti au pouvoir.

« Les gens doutent du poids de leur bulletin de vote »

Aux côtés de son homologue – et allié pour cette élection – de l’Union nationale, Zacharie Myboto, le président du RHM a dénoncé au cours de ces deux dernières semaines des « achats d’électeurs, l’utilisation des moyens de l’État, et la falsification de procès-verbaux ». Ce qui expliquerait selon lui, la large victoire du parti au pouvoir au premier tour.

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Réunis pour une conférence de presse commune le 17 octobre, les deux leaders de l’opposition ont estimé que « ces résultats confirment les stigmates de la régression démocratique du Gabon, illustrent une fois de trop le recours du pouvoir à la fraude massive, notamment la distribution d’énormes sommes d’argent ». Guy Nzouba-Ndama, ancien président de l’Assemblée nationale et chef du parti Les Démocrates, qui présente 13 candidats au second tour pour trois députés élus, a lui aussi appelé ses militants à « camper dans les bureaux de vote pour s’assurer que leur bulletin soit respecté ».

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Avant même le vote du 27 octobre, le PDG est déjà assuré, à l’issue d’un premier tour marqué par un taux d’abstention de 41,37 %, de la majorité au sein la future Assemblée. « Il est de notre devoir aujourd’hui de mobiliser les citoyens pour les impliquer dans ce scrutin. L’abstention est forte et ils doutent du poids de leur bulletin de vote. Il faut donc leur redonner confiance dans le processus électoral », estime Zacharie Myboto depuis sa demeure du quartier résidentiel de La Sablière. Pour le secrétaire général du PDG, Éric Dodo Bounguendza, les adversaires de la majorité présidentielle « se réfugient derrière l’argument de la fraude pour éviter d’admettre qu’ils ont perdu ce premier tour à cause de leurs divisions ».

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Une stratégie qui divise

Cette stratégie ne fait pas pleinement l’unanimité dans l’opposition. Battu au premier tour dans la commune d’Akanda, au nord de Libreville, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi n’ira pas faire le pied de grue dans les bureaux de vote. « Je ne suis pas allé non plus à la déclaration commune du 17 [octobre]. On ne va pas dire des tricheurs qu’ils ont triché, on y va en connaissance de cause », explique le candidat et cadre de l’UN. Installé dans un bar de Libreville, à quelques tables de son concurrent du PDG, Joseph Minko Olenga, il appelle aujourd’hui l’opposition « à changer de paradigme face au PDG ».

Qualifiés au second tour dans seulement 27 circonscriptions sur 143, les « rescapés de l’opposition » sont, dans la plupart des cas, en ballotage défavorable. Dernier arrondissement avec un poids lourd en course, le quatrième arrondissement sera particulièrement scruté le samedi 27 octobre.

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