Législatives au Gabon : les électeurs aux urnes pour un second tour sans réel enjeu
Alors que le Parti démocratique gabonais est déjà assuré d’avoir la majorité dans la future Assemblée, les électeurs étaient appelés aux urnes pour le second tour des législatives.
« Le Gabon est un petit pays, tout le monde vous voit, tout le monde vous regarde ! ». Sortie de son bureau de vote à l’école d’Akebe II, dans le quatrième arrondissement de Libreville, Rose-Marie, militante du Rassemblement héritage et modernité (RHM) vient de déposer son bulletin et elle a prévu de revenir veiller à l’extérieur du bâtiment pour le dépouillement, « jusqu’au bout de la nuit s’il le faut ».
« Les gens s’agitent pour attirer l’attention et imaginer des problèmes. C’est ça, la stratégie d’Alexandre Barro-Chambrier », s’agace de son côté une jeune militante du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), observant la scène dans les couloirs de l’établissement.
Duel dans le 4ème arrondissement
Les Gabonais étaient appelés aux urnes le 27 octobre pour voter dans 59 des 143 circonscriptions du pays dans le cadre du second tour des législatives. Le duel entre Alexandre Barro-Chambrier (RHM) et Séverin-Pierre Ndong Ekomi (PDG) dans le quatrième arrondissement de la capitale est l’un des plus suivis, l’ancien ministre étant l’un des derniers leaders de l’opposition encore en course.
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L’opposition ne compte que quatre députés élus dès le premier tour (trois pour Les Démocrates et un pour le RHM) et n’a pu qualifier que 27 de ses représentants pour le second tour. Le parti d’Ali Bongo Ondimba est d’ores et déjà assuré d’occuper la majorité des sièges à l’Assemblée nationale, avec 74 sièges conquis à l’issue d’un premier tour marqué par un fort taux d’abstention (41,37%).
Renforcement du dispositif de sécurité
Le dispositif de sécurité avait été renforcé dans certains bureaux de vote, dont ceux d’Akebe et d’Awendjé où plusieurs dizaines de membres des forces de l’ordre étaient présents pour assurer le bon déroulement du vote. C’est dans l’école publique de ce quartier populaire de l’est de Libreville, qu’Alexandre Barro-Chambrier s’est rendu pour déposer son bulletin dans l’urne dans l’après-midi. Le candidat du RHM, qui a dénoncé avec son allié de l’Union nationale (UN), Zacharie Myboto, des « fraudes » lors du premier tour, a réitéré ses accusations devant la presse à sa sortie du bureau de vote. « Nous suivons la situation avec attention », a-t-il déclaré.
Les bureaux de vote, qui avaient ouvert en retard lors du premier tour le 6 octobre, ont cette fois accueilli les électeurs dès 7 heures du matin, conformément au code électoral. Si l’objectif annoncé par l’opposition était de remobiliser les électeurs, à la mi-journée plusieurs présidents de bureaux de vote situés à l’école publique d’Awendjé faisaient état d’une faible participation, à hauteur de 20%.
Il faut s’interroger sur le poids symbolique de cette abstention
Poids de l’abstention
« Il faut s’interroger sur le poids symbolique de cette abstention. Ce n’est pas rien d’avoir des communes avec moins de 20% de participation. C’est une faillite du pouvoir, mais aussi collective de ne pas avoir su remobiliser les électeurs après l’élection de 2016 », estimait Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, quelques jours avant le second tour.
« Il y a toujours une forte abstention lors des scrutins intermédiaires, défend pour sa part Éric Dodo Bounguendza, le secrétaire général du PDG. « Je pense aussi que ce taux d’abstention s’explique par la confusion causée au premier tour par l’organisation simultanée des élections locales », ajoute-t-il.
Le dépouillement, qui doit débuter à 18 heures, devrait permettre de dégager des tendances en fin de soirée avant l’officialisation des résultats par le Centre gabonais des élections, en charge de l’organisation du scrutin.
À l’école publique d’Awendjé, Elisha, une votante, semble soulagée. À peine sortie du bureau de vote, elle est pressée par un policier de ne pas traîner « pour ne pas encombrer les allées ». Elle, pour sa part, ne reviendra pas veiller pour le dépouillement des bulletins. « À quoi bon, dit-elle, on sait déjà que ça ne nous aidera pas à tourner la page. »
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