La voix de l’Aurès

Début février, la chanteuse chaouie Houria Aïchi présente à Paris son nouveau répertoire, inspiré des traditions équestres de l’Est algérien.

Publié le 28 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

« Aimez les chevaux, soignez-les. Par eux l’honneur et par eux la beauté. » Ce proverbe de la tribu algérienne des Ouled Nail comme le regard ténébreux d’un rayan el-khil (« berger à cheval ») enfoui quelque part dans les souvenirs de la petite enfance d’Houria Aïchi résonnent comme un préalable au nouveau répertoire de la chanteuse de l’Aurès, ce massif montagneux de l’Est algérien.
Avec le thème des cavaliers et de la chevalerie, Houria Aïchi, la cinquantaine, trouve une nouvelle occasion d’évoquer la tradition orale et la poésie chantée de cette région berbère située aux portes du Sahara, filmée voici quarante ans par Mohamed Lakhdar-Hamina puis René Vauthier. Dès 1990, son premier disque, sobrement intitulé Chants de l’Aurès, donnait déjà à découvrir ce patrimoine. Le compositeur japonais Ruychi Sakamoto l’a alors invitée sur la bande originale de Un Thé au Sahara de Bernardo Bertolucci. Après un détour par les chants soufis et sacrés (Khalwa, en 2001), cette petite-fille d’une azriate (chanteuse populaire) réputée revient donc à ses premières amours et à sa région d’origine.
Région qu’elle a parcourue à la recherche des textes populaires, chantés en arabe algérien ou dans la variante chaouie du tamazight. Elle en a déniché d’autres auprès de la communauté auressienne de Maubeuge S’intéressant « à la valeur symbolique et aux codes moraux » portés par cette tradition chevaleresque, comme « la valeur de la parole donnée », la bravoure et le panache, « la beauté, l’honneur et la dignité » des cavaliers, c’est tout un pan de la culture chaouie qu’elle réinterprète.
« Mon désir d’artiste rencontre probablement une recherche identitaire », poursuit-elle en définissant son travail par l’attrait qu’elle ressent pour « une expérience de la terre, vraie et authentique ». Confiée à Loy Ehrlich, codirecteur artistique du festival Gnaoua d’Essaouira, et à Grégory Dargent du quintet L’Hijâz’ Car, la mise en musique de ce nouveau répertoire lorgne vers le contemporain et le jazz. Hajouj (basse gnaoua), oud (luth oriental) et percussions se mêlent à la clarinette et au tarhu, un instrument prototype à cordes de la famille des vièles. Houria Aïchi enregistrera ce nouveau répertoire, dévoilé pour l’anniversaire de l’Institut du monde arabe début décembre, au printemps 2008 chez Accords croisés. En attendant, elle se produira à Paris le 2 février au musée du Quai Branly et le 8 au New Morning.

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