Tunisie : neuf blessés dans un attentat-suicide sur l’avenue Bourguiba à Tunis
Une femme s’est fait exploser lundi 29 octobre vers 13h50 sur l’avenue Habib Bourguiba, dans le centre-ville de Tunis, blessant huit membres des forces de l’ordre et un civil, selon un bilan provisoire.
Contacté par Jeune Afrique, le ministère de l’Intérieur a confirmé l’information, précisant que huit de ses agents et un civil ont été blessés dans l’explosion du 29 octobre, sur l’avenue Habib Bourguiba, entre l’ambassade de France et le ministère de l’Intérieur. La kamikaze est également morte sur le coup.
Selon le ministère de l’Intérieur, cette dernière s’appelait Mouna G. Âgée de 30 ans, elle est originaire du gouvernorat de Mahdia et n’était pas connue des services de renseignement.
Plusieurs ambulances et de nombreux renforts de police se trouvaient sur place. L’avenue Habib Bourguiba, très fréquentée en ce jour de vacances ensoleillé, a été presque instantanément bouclée. La stupeur se lisait sur le visage des passants. Selima, qui se promenait à proximité de l’explosion kamikaze, a entendu la déflagration. « La détonation était fracassante. J’en tremble encore », confie-t-elle à Jeune Afrique.
L’agitation, d’ordinaire festive, laisse place à la peur. Les commerces baissent leurs rideaux. Les quelques passants toujours sur place sont pris de panique au moindre bruit. Certains en profitent pour semer l’affolement. Un mouvement de foule éclate notamment lorsqu’un homme scande plusieurs fois « Allah Akbar ».
L’explosion s’est produite à proximité de véhicules de police, à la fin d’une manifestation qui s’est tenue plus tôt sur l’avenue Habib Bourguiba, en réaction à la mort d’Aymen Othmani. Ce jeune homme a été tué par balle lors d’affrontements avec les douanes, le 23 octobre à Sidi Hassine.
Nous avons beau être vigilants, rien n’arrête les loups solitaires
L’un des policiers présents sur place lâche d’un air dépité : « Nous avons beau être vigilants, rien n’arrête les loups solitaires. »
Cet attentat survient notamment après un vaste mouvement opéré au ministère de l’Intérieur, avec 14 nouvelles nominations de directeurs, le 19 octobre dernier
Une première sur l’avenue Bourguiba
Après deux ans de calme, la Tunisie vit le deuxième attentat sur son sol depuis le 8 juillet dernier. Une attaque perpétrée à Gharmadiou, dans le nord-ouest du pays, par une branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), avait alors fait six victimes du côté des forces de l’ordre tunisiennes.
« C’est la première fois qu’un attentat aussi grave a lieu sur l’avenue Habib Bourguiba. Ces dernières années, cela se produisait plutôt dans des régions reculées et montagneuses. Mais dans l’hypercentre, c’est une première. Le danger n’a jamais été aussi proche de nous », témoigne Selima. « Je n’arrive plus a faire confiance aux responsables sécuritaires et politiques », conclut-elle.
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La dernière attaque dans la capitale datait du 24 novembre 2015. Une explosion avait eu lieu à bord d’un bus de la garde présidentielle, sur l’avenue Mohammed V, faisait douze morts et dix-sept blessés. Elle avait été revendiquée par l’organisation État islamique (EI), et avait conduit à l’instauration de l’état d’urgence, toujours en vigueur dans le pays.
Quelques mois plus tôt, le 18 mars 2015, toujours à Tunis, deux hommes avaient ouvert le feu à l’arme automatique sur des touristes qui descendaient de leurs autocars pour visiter le musée du Bardo, avant de les pourchasser dans le bâtiment. 21 touristes et un policier tunisien avaient été tués dans cet assaut, également revendiqué par l’EI, tout comme l’attentat perpétré par un kamikaze en juin de la même année, sur une plage et contre un hôtel près de Sousse (est), qui avait coûté la vie à 38 touristes.
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En mars 2016, des dizaines de jihadistes venus de Libye avaient en outre tenté, sans succès, de s’emparer de postes des forces de sécurité dans la région de Ben Guerdane (sud), près de la frontière libyenne. L’attaque avait fait 20 morts parmi les forces de sécurité et les civils.
L’attaque n’avait pas été revendiquée, mais les autorités tunisiennes avaient accusé l’EI d’avoir voulu créer « un émirat » sur le sol tunisien.
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