PME africaines : les 3 ingrédients de la réussite à l’heure de la mondialisation

Pour leur première venue sur le continent, les participants au 14e Forum mondial pour le développement des exportations de Kigali ont rappelé que la réussite des PME africaines à l’international reposait sur trois facteurs-clés. Revue de détail.

De gauche à droite : Arancha Gonzalez, directrice exécutive du Centre du Commerce International et le président rwandais Paul Kagamé. © Centre du Commerce International

De gauche à droite : Arancha Gonzalez, directrice exécutive du Centre du Commerce International et le président rwandais Paul Kagamé. © Centre du Commerce International

Publié le 23 septembre 2014 Lecture : 4 minutes.

Organisé à Kigali les 16 et 17 septembre par le Centre du Commerce International et le Rwanda Development Board, le 14e Forum mondial pour le développement des exportations (World Export Development Forum, WEDF) a bénéficié d’une forte fréquentation pour sa première édition en terre africaine.

Réunis autour du thème « PME : création d’emplois grâce au commerce », plus de 800 participants venus de 73 pays sont venus débattre des principaux défis que doivent relever les acteurs du secteur privé africain pour tirer parti des opportunités offertes par le commerce à l’heure de la mondialisation.

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Gisement de croissance

Au premier rang de ces opérateurs, les petites et moyennes entreprises, qui représentent 90 % du secteur privé, près des trois quarts des emplois générés, mais seulement un quart du PIB africain. Des PME qui sont « un gisement évident de croissance et de développement pour le continent, pour peu que les partenaires publics-privés travaillent main dans la main pour améliorer leur compétitivité », résume Arancha Gonzalez, la directrice exécutive du Centre du commerce international (ITC).

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Un sentiment très largement partagé par la plupart des intervenants à la conférence, qui auront notamment mis l’accent sur trois facteurs-clés de succès dans le grand jeu du commerce international.

Climat des affaires

Au premier rang de ceux-ci : un meilleur environnement des affaires.  Critère de réussite le plus souvent cité, un cadre réglementaire propice aux affaires (création d’entreprise, protection des investisseurs, exécution des contrats, paiement des taxes, obtention de prêt) fait souvent toute la différence.

Pays hôte du Forum, le Rwanda montre l’exemple en la matière : le pays des Milles Collines est régulièrement cité parmi les États les plus réformateurs de la planète. Résultat, « six heures suffisent aujourd’hui pour enregistrer en ligne une entreprise », s’est félicité François Kanimba, le ministre rwandais du Commerce et de l’Industrie, qui souligne par ailleurs que « les entreprises comptabilisées et les exportations du pays ont progressé respectivement de 30 % et 20 % en rythme annuel au cours des six dernières années’‘.

De quoi susciter l’émulation : 7 des 20 pays ayant le plus réformé depuis 2005 sont africains selon la Banque mondiale, même si nombre d’entre eux continuent d’occuper les profondeurs des classements internationaux en matière d’attractivité. « Ce sont des réformes capitales pour la compétitivité des PME africaines, mais le dernier mot revient aux politiques », tranche un participant.

 Intégration régionale

Second facteur de succès, un commerce transfrontalier facilité. Les chiffres de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique sont sur ce point sans appel : le commerce intrarégional ne représente que 11 % des échanges commerciaux du continent contre plus de 70 % pour les échanges intra-européens et plus de 50 % pour le commerce intra-asiatique. La faute à encore trop d’obstacles venant contrecarrer au quotidien l’essor des échanges entre les différents pays du continent. La solution ? Plus d’intégration régionale pour plus d’échanges commerciaux au sein des grandes sous-régions du continent.

« Une première étape indispensable pour gagner en profondeur du marché, mutualiser les efforts en matière d’infrastructures, améliorer le savoir-faire et progresser en sophistication avant d’attaquer le reste du monde », énumère un consultant en stratégie présent à la conférence.

Seules 20 % des PME du continent parviennent à décrocher un financement 

Les lignes bougent peu à peu. En Afrique de l’ouest, l’UEMOA progresse dans la bonne direction (plus de 15 % des échanges commerciaux sont désormais réalisés à l’intérieur de la zone) tandis qu’à l’autre bout du continent, la Communauté de l’Afrique de l’est accélère son intégration, centrée autour du Kenya, de l’Ouganda et du Rwanda.

Une finance adaptée et innovante

Le troisième élément évoqué par les intervenants du Forum pour libérer le potentiel des entreprises du continent est un sujet qui revient immanquablement sur la table : obtenir une ligne de crédit bancaire quand on est une PME africaine relève souvent de la gageure. Un constat amer que corroborent les chiffres. Une étude réalisée par la BAD en 2012 relève ainsi que seules 20 % des PME du continent parviennent à décrocher un financement d’une institution financière. Trop peu pour soutenir en l’état actuel le développement pérenne des PME du continent, a fortiori encore plus à l’international.

D’autres options existent cependant. Qu’il s’agisse de la mise en place de fonds de garantie, de la montée en puissance du capital-investissement ou de la récente vague des compartiments alternatifs destinés aux PME sur les bourses africaines, de nouveaux moyens d’accès au capital apparaissent.

Sans parler de la révolution du paiement mobile, qui a complètement modifié la donne financière africaine et qui ouvre aujourd’hui de nouvelles possibilités pour les PME désirant se lancer à l’export (par exemple, l’envoi et la réception d’argent depuis l’étranger via son mobile, sans nécessité de disposer d’un compte bancaire).

« Une technologie de rupture « selon Yves Eonnet, PDG du fournisseur de plateformes de Mobile Money Tagattitude, pour qui « la révolution financière du mobile en Afrique a considérablement fluidifié les flux d’argent ». Un bon environnement des affaires, une réelle intégration régionale et une finance adaptée : trois ingrédients-clés dont devront disposer les PME africaines pour réussir à l’international et « qui ne bâtiront leur compétitivité ultime qu’au prix de judicieux investissements en capital humain, […] la vraie richesse étant dans les têtes et non dans le sol « comme l’a rappelé le président rwandais Paul Kagamé lors de la cérémonie d’ouverture.

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