Guinée : Cellou Dalein Diallo interdit de manifester, les autorités invoquent sa sécurité

L’opposition guinéenne projetait une marche pacifique, mardi 30 octobre à Conakry, pour dénoncer les conditions d’installation des conseils communaux. Son chef de file, Cellou Dalein Diallo, a finalement été contraint de rester à son domicile par les forces de l’ordre, pour sa propre sécurité.

Cellou Dalein Diallo, du parti d’opposition UFDG, lors des élections présidentielles, le 11 octobre 2015. © Youssouf Bah/AP/SIPA

Cellou Dalein Diallo, du parti d’opposition UFDG, lors des élections présidentielles, le 11 octobre 2015. © Youssouf Bah/AP/SIPA

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Publié le 30 octobre 2018 Lecture : 3 minutes.

Dans le quartier de Dixinn, trois voies d’accès permettent d’accéder au domicile du président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et chef de file de l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo. Mardi 30 octobre, jour de manifestation non autorisée par les autorités, elles ont toutes été bloquées par un important dispositif policier, et leurs entrées minutieusement filtrées. « Si ton visage les rassure, ils te laissent passer. Sinon, ils t’ordonnent de rebrousser chemin », témoigne un membre de l’UFDG, qui a dû montrer patte blanche pour passer.

Cellou Dalein Diallo en danger ?

Le contrôleur général de la police, Ansoumane Camara, dit Baffoé, justifie la mesure de confinement par la nécessité d’assurer la sécurité de Cellou Dalein Diallo : « Mardi dernier, un projectile a atteint son véhicule. Il a dit que cela avait été planifié par l’État pour attenter à sa vie. Quand une foule compacte descend dans la rue, on ne sait pas qui est qui. (…) Nous avons des renseignements selon lesquels il y a des personnes qui veulent créer des problèmes pour en faire endosser la responsabilité aux forces de sécurité. C’est ainsi que nous avons jugé utile que M. Diallo reste aujourd’hui à la maison. »

Je suis choqué, indigné par la confiscation de mes libertés

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Les médias ont toutefois reçu l’autorisation d’interviewer l’opposant. « Je suis choqué, indigné par la confiscation de mes libertés. Ils ont déployé tout un arsenal autour de chez moi pour empêcher une mobilisation grandiose qui serait perçue comme un désaveu pour le pouvoir. Après la tentative d’assassinat sur ma personne et le pillage du domicile de ma belle-mère à Kindia, je ne suis pas surpris d’un tel agissement qui viole la Constitution », réagit Cellou Dalein Diallo.

Et l’opposant de renchérir : « Les forces de l’ordre n’assurent pas ma protection. Au contraire, elles sont source d’insécurité pour les militants et moi-même. Depuis 2011, nous avons enregistré 97 morts par balle. »

Un climat sociopolitique tendu

Le confinement du chef de file de l’opposition a également fait réagir les défenseurs des droits de l’homme. Mamadou Malal Diallo, président par intérim de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme (OGDH), « condamne une pratique illégale, une espèce de séquestration qui empêche l’intéressé de jouir de la liberté constitutionnelle d’aller et de venir. Nous sommes dans une phase où on est en train de dénier aux citoyens toute liberté, y compris celle de manifester. »

S’il veut rendre visite à un parent, aller à l’hôpital ou à une cérémonie, on ne l’en empêchera pas

Les autorités guinéennes justifient l’interdiction des marches de l’opposition par le climat sociopolitique tendu, caractérisé d’une part par la grève des enseignants, qui réclament un salaire de huit millions de francs guinéens [environ 780 euros], et, d’autre part, par la contestation des conditions d’installation des conseils communaux issus du scrutin du 4 février 2018. Dans un tel contexte de télescopage de crises, il est devenu difficile aux forces de l’ordre d’encadrer les manifestations de rue.

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« S’il veut se rendre à son bureau, nous-mêmes allons le sécuriser, l’encadrer, précise le contrôleur général Ansoumane Camara. De même, s’il veut rendre visite à un parent, aller à l’hôpital ou à une cérémonie, on ne l’en empêchera pas. Mais les mouvements de foule autour de lui sont interdits. »

Mardi 30 octobre, tous les attroupements suspects autour du domicile de l’opposant ont effectivement été dispersés par les forces de l’ordre.

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