Al-Jazira dépose les armes

Face à l’Iran, les monarchies du Golfe ont choisi de serrer les rangs. La « CNN arabe » sera donc plus conciliante avec Riyad.

Publié le 28 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

La hache de guerre est enterrée. Depuis octobre 2007, après des années de pilonnage en règle, Al-Jazira prend des gants quand elle évoque l’Arabie saoudite. Un revirement imposé à la chaîne d’information qatarie par ses dirigeants, qui, face aux ambitions iraniennes et au chaos irakien, ont signifié à la rédaction qu’entre pays sunnites on est désormais prié de serrer les rangs. Surtout que le Qatar, qui abrite aussi une importante base militaire américaine, se trouve aux premières loges en cas de menace nucléaire iranienne. L’Amérique, alliée des Saoudiens, essaye de longue date de mettre au pas la « CNN arabe », qu’elle accuse de relayer la propagande terroriste. En septembre 2007, le roi Abdallah invite à Riyad les dirigeants du Qatar pour faire la paix et obtenir des garanties. Le président d’Al-Jazira, Cheikh Hamad Ibn Thamer Al Thani, est du voyage. Quelques semaines plus tard, les fruits de cette entrevue se remarquent à l’antenne. Les journalistes ne parlent plus de « résistance » pour évoquer l’insurrection irakienne et ne qualifient plus de « martyrs » les victimes d’offensives américaines. « Les nations du Golfe ont le sentiment d’être dans le même bateau à cause de la menace iranienne, du chaos irakien et de la faiblesse américaine », explique Mustafa Alani, un analyste du Centre de recherches sur le Golfe, basé à Dubaï, dans les colonnes de l’International Herald Tribune. Les Qataris ont donc accepté de donner aux Saoudiens des garanties sur la couverture d’Al-Jazira.
Le spectre d’un conflit avec l’Iran aura eu raison d’une douzaine d’années de relations empoisonnées entre Qataris et Saoudiens. Juste avant la naissance d’Al-Jazira, Doha avait accusé Riyad d’avoir soutenu une tentative de coup d’État (manquée). Les relations diplomatiques se rafraîchissent. Jusqu’à devenir carrément glaciales en 2002, après la diffusion par Al-Jazira d’un débat sur le rôle de Riyad dans le conflit israélo-palestinien, dans lequel percent des critiques envers la famille régnante. Le torchon brûle entre les deux pays. Le roi rappelle son ambassadeur. Un an plus tard, la chaîne satellitaire Al-Arabiya voit le jour grâce à des fonds saoudiens pour concurrencer Al-Jazira.
Le réchauffement entre les deux pays est aujourd’hui scellé : le prince Saoud al-Fayçal, chef de la diplomatie saoudienne, a annoncé, en décembre 2007, qu’un ambassadeur serait bientôt accrédité à Doha. Un bureau de la chaîne pourrait même ouvrir à Riyad.

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