Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 27 novembre 2006 Lecture : 7 minutes.

Avez-vous un programme de formation ?
– Primo, je voudrais féliciter votre hebdomadaire, dont je suis un fidèle lecteur, ainsi que de toutes les autres publications que votre groupe met à notre disposition, nous qui sommes assoiffés de comprendre ce monde dans lequel nous vivons. Vous faites honneur à l’Afrique. Question : avez-vous un programme de formation pour les journalistes africains ?
Secundo, j’approuve entièrement le point de vue de Béchir Ben Yahmed sur l’organisation des élections ivoiriennes quand il dit (voir « Ce que je crois », n° 2392 du 12 novembre) que le président Gbagbo est « celui qui peut faire en sorte qu’elles se tiennent ou empêcher qu’elles aient lieu ». J’irai même plus loin : le président est celui qui peut mettre fin à la crise ou la faire perdurer.
Tertio, à plusieurs reprises, vous avez attiré notre attention sur les délais de livraison de Jeune Afrique dans certains pays. J’aimerais savoir quels sont ces délais pour la Suisse, la Côte d’Ivoire et la République démocratique du Congo.
Yvon A. Edoumou, Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, Genève, Suisse

Réponse : Merci pour vos compliments et votre lecture attentive de Jeune Afrique. Si nous envisageons cette possibilité, nous n’avons pas encore de programme de formation à destination des journalistes africains. Concernant les délais de livraison : nous sommes mis en vente le lundi matin en Côte d’Ivoire, le mardi en Suisse et le mercredi en RD Congo. M.B.Y.

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De la fourchette à la baguette
– Ce n’est pas la première fois que la Chine convie les chefs d’État et de gouvernement des pays africains pour parler du développement. Mais le dernier sommet tenu à Pékin qui a vu la signature de contrats commerciaux entre la Chine et l’Afrique d’un montant de 1,9 milliard de dollars a fait grincer les dents de ceux qui considèrent encore l’Afrique comme une chasse gardée. L’argument avancé est que le géant asiatique a signé des contrats sans contrepartie sur les droits de l’homme. Tout le monde sait que la Chine n’est pas un modèle des droits de l’homme. Mais n’a-t-elle pas gagné l’organisation des prochains jeux Olympiques sponsorisés en grande partie par Coca-Cola ? N’a-t-elle pas signé récemment des contrats pour l’achat d’avions du consortium européen Airbus ? Combien de contrats ont été signés lors des grand-messes France-Afrique, combien au cours des rencontres Europe-Afrique ou États-Unis/Afrique ? Le temps des leçons et du paternalisme est révolu. L’Occident ne l’a pas encore compris. Lorsqu’il se réveillera, les Africains seront en train de manger avec des baguettes et non plus avec des fourchettes.
Léonard Nduwayo, Saint-Dizier, France

Bravo ! Ely Ould Mohamed Vall
– J’ai été tellement marqué par le courage, le patriotisme et le sens de responsabilité dont a fait preuve l’actuel président mauritanien, Ely Ould Mohamed Vall, que j’en suis arrivé à souhaiter qu’il vienne nous prêter main forte en Guinée-Conakry à la fin de son mandat, en mars 2007. La situation politique en Guinée est telle que le citoyen lambda se demande à quel saint se vouer. La misère qui sévit ne dit pas son nom. On dit que la Guinée est le château d’eau de l’Afrique occidentale, mais le Guinéen trouve à peine de l’eau à boire. Le schéma politique en vigueur en Mauritanie est applicable à n’importe quel pays en manque d’un système de bonne gouvernance.
Le président mauritanien mérite une distinction particulière au niveau international. Prions Dieu le Tout-Puissant pour que des milliers de ses semblables émergent en Afrique.
Abdoulaye Saliou Diallo, New York, États-Unis

« Francophone », entre guillemets
– Dans son article sur les prix littéraires français (voir J.A. n° 2392), Dominique Mataillet utilise nombre de guillemets pour classifier les auteurs. Ces précautions de langage l’honorent, mais elles rappellent en même temps qu’il y a un problème de terminologie qui ne trouve pas de réponse à la hauteur de l’enjeu qu’il infère. Il s’agit bien entendu de l’épithète « francophone » appliqué à des écrivains qui ont pour point commun de n’être pas des Blancs : Chamoiseau, Glissant, Mabanckou, Picouly, Maran
Comme chacun sait, la création artistique ou littéraire n’a pas de nationalité. Mais s’il faut à tout prix affecter une uvre littéraire d’un qualificatif distinctif reposant sur une identité, on n’a que deux possibilités : soit on fait appuyer cette identité sur la langue, soit on la fait reposer sur la nationalité. Si c’est sur la langue, l’uvre de tout ce beau monde n’est rien d’autre que de la littérature française. Si c’est sur la nationalité, il suffit d’appliquer l’épithète qui va avec le passeport, quitte à avoir, dans certains cas, fréquents, la mauvaise conscience pour la langue. Et tant pis pour les apatrides écrivains.
[] Pour désigner tout le corpus d’uvres d’auteurs non blancs, je trouve préférable la forme « littérature française d’expression quelque chose » à celle de « littérature quelque chose d’expression française ». On en a débattu à Lille récemment lors du Festafrica, même si la plupart des écrivains présents ont préféré éluder la question.
Jean-Baptiste Adjibi, Paris, France

Kofi Annan, l’Iran et le pétrole
– J’ai lu dans le « Ce que je crois » du n° 2393 une déclaration attribuée au secrétaire général de l’ONU Kofi Annan selon laquelle que l’Iran « n’a pas une seule raffinerie » et que « c’est absurde » de la part d’un important producteur d’or noir Mais je crois savoir que l’Iran dispose de plusieurs raffineries Qu’en est-il au juste ?
Nader Azouz, France

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Réponse : Il s’agissait là d’une citation mot pour mot du secrétaire général de l’ONU publiée le 11 septembre par le quotidien britannique The Financial Times dans un entretien avec le journaliste Quentin Peel (vous pouvez retrouver la version intégrale de cette interview en ouvrant le lien suivant sur Internet : http://www. ft.com/cms/s/d4703908-41bf-11db-b4ab-0000779e2340.html).
Vous avez raison de relever l’inexactitude : l’Iran possède aujourd’hui six raffineries d’une capacité totale de 1,5 million de barils par jour, la plus grande étant celle d’Abadan (400 000 b/j). Cette capacité ne suffit pas à satisfaire la consommation iranienne, notamment en carburants. Les raffineries ne tournent pas à plein régime. Le pays est obligé d’importer environ 40 % de ses besoins en essence. C’est cette situation-là, peut-être, qu’a voulu décrire Kofi Annan en forçant le trait
S.Gh.

Et pourquoi pas la Chine ?
– Ainsi, pour les Chinois, l’Afrique serait « un objet » et la Chine ne serait pas « un bon modèle », contrairement à l’Afrique du Sud, au Brésil et à l’Inde : je ne partage pas du tout l’analyse de Béchir Ben Yahmed dans son éditorial du 4 novembre (J.A. n° 2391).
Tout comme l’Afrique est un objet pour les Chinois, la Chine peut être un objet pour les Africains. Et si, à l’occasion des échanges sino-africains, des réaménagements peuvent être faits en Afrique pour répondre aux exigences d’une telle rencontre, ce sera toujours une bonne chose pour ce continent qui souffre d’un manque d’initiatives généralisées. L’obsession des jeunes Africains à vouloir partir coûte que coûte vers d’autres horizons est révélatrice de cette inertie continentale.
La Chine n’est pas un « bon modèle », mais c’est un « autre modèle ». L’Occident, qui semble être le modèle de référence après avoir élevé de nombreuses barrières (administratives, douanières, phytosanitaires et même physiques) entre lui et les autres peuples, gagnerait à comprendre qu’il s’agit d’une attitude de bon sens pour les dirigeants africains que d’essayer « autre chose ».
Kouame Kouakou, Abidjan, Côte D’ivoire

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Réponse : Votre réaction est un point de vue différent du mien, voire opposé. Je la respecte, la soumets à nos lecteurs : ils auront ainsi matière à réflexion. B.B.Y.

Il faut lire le Coran
– Je suis absolument de l’avis de Béchir Ben Yahmed (voir J.A. n° 2389) : l’islam n’est nullement incompatible avec ce qu’on appelle la « démocratie ». Lui-même a publié dans un de ses éditoriaux le texte du discours d’investiture du premier calife Abou Bakr Essidik qui résume le principe même de la démocratie au sens noble du mot et pas au sens démagogique pratiqué par les « grands » de notre temps.
À mon avis, pour que la démocratie telle qu’elle a été définie par Abou Bakr s’installe dans le monde musulman, et spécialement dans le monde arabe, il faut instituer une tradition simple dans l’enseignement qui consisterait à exiger de tout élève la lecture complète du texte du Coran – dix fois au moins – pour pouvoir passer le baccalauréat. Il n’est nullement besoin de l’obliger à l’apprendre, ni de s’y conformer, ni d’appliquer la charia, ni même d’y croire. Il s’agit, tout simplement, de lire d’une façon complète le texte du Coran comme un texte de littérature en se référant à n’importe quelle exégèse de son choix.
L’orientaliste Bernard Lewis, lui, a lu le Coran plus de dix fois, j’en suis plus que sûr, mais malheureusement son sionisme le pousse à déformer le texte et à lui attribuer tous les maux de la terre.
Dr Abdessalem M’Halla, Raoued (L’Ariana), Tunisie

Le voile, une réaction identitaire
– Comme femme arabo-musulmane émancipée, je ne peux m’empêcher de considérer le voile que comme une réaction aux agressions et aux lynchages systématiques subis chaque jour par l’islam, au nom d’une liberté de pensée à sens unique.
La croisade débile menée par Bush et consorts y est pour beaucoup. Sans aucune exagération, je trouve qu’ils sont responsables d’une certaine radicalisation du dogme, ayant entraîné l’islamisme, dont les musulmans sont les premiers à souffrir.
Notre réaction a été aussi le recours au voile ou au foulard. Ce n’est pas bien méchant. C’est une forme de résistance par rapport à ce qui se passe en Palestine, en Irak, en Afghanistan. Le bombardement disproportionné du Liban par Israël et la condescendance de Condo qui voulait « laisser le temps aux pauvres Israéliens pour achever leur travail » a été à l’origine d’un nouveau regain du foulard en Tunisie.
Dr Bachra Ben Gaied, hôpital Ernest Conseil de Tunis, Tunisie

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