Hery Rajaonarimampianina : « Je n’ai jamais été en faveur d’un report de la présidentielle malgache »
Le 7 septembre, Hery Rajaonarimampianina a officiellement démissionné de la présidence de la République de Madagascar, une condition sine qua non pour pouvoir briguer un second mandat, le 7 novembre.
Présidentielle à Madagascar : 36 prétendants pour le palais d’Iavoloha
L’élection présidentielle malgache du 7 novembre 2018 viendra clore une année au climat politique tendu. Sur la ligne de départ : 36 candidats, parmi lesquels les trois derniers chefs de l’État, dont le président sortant : Hery Rajaonarimampianina, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina. Tous nos articles sur la campagne en vue de ravir le palais d’Iavoloha, siège de la présidence à Antananarivo.
À une semaine du premier tour des élections présidentielles malgaches, annoncé pour le 7 novembre, les principaux candidats fourbissent leurs slogans de campagne. Après avoir démissionné pour pouvoir se représenter, comme le lui imposait la constitution, l’ancien président Hery Rajaonarimampianina parcourt le pays pour présenter le plan de développement qu’il entend mettre en œuvre d’ici 2030. Il en profite aussi pour défendre son bilan devant les journalistes. Entretien.
Jeune Afrique : Cela n’a pas été trop difficile de quitter le pouvoir début septembre pour pouvoir vous représenter ?
Hery Rajaonarimampianina : J’ai démissionné dans le respect de la constitution, de la démocratie et de l’alternance, à travers les élections. La démocratie est toujours fragile à Madagascar. Je ne veux surtout pas la fragiliser davantage.
Ce légalisme semble vous avoir rapporté quelques points auprès de l’opinion publique.
Ce n’était pas mon objectif. J’ai pris mes responsabilités et j’invite les politiques du pays à en faire de même. Leur seul but est d’accéder au pouvoir et de s’y maintenir le plus longtemps possible, parfois en utilisant des moyens extraconstitutionnels. Il est donc difficile pour eux de comprendre que l’on puisse démissionner lorsqu’on est légitimement à la présidence. Mais pour moi, cela n’a jamais fait l’ombre d’un doute.
Avez-vous été surpris par la décision de la Haute cour constitutionnelle ordonnant la nomination d’un gouvernement d’union nationale fin mai ? L’avez-vous comprise ?
Je l’ai respecté.
Que pensez-vous de la démarche de nombreux autres candidats qui souhaitent un report de ces élections, le temps d’apaiser le contexte ?
Je n’ai jamais été en faveur d’un report, car rien ne garantit qu’il apporterait des conditions plus favorables au bon déroulé des scrutins. Pour apaiser le contexte, je reste persuadé que nous devons accepter ce qui a été définit pour que les élections puissent se dérouler comme convenu.
Pourquoi avez-vous décidé de vous représenter ?
Pour terminer ce que nous avons commencé et poursuivre la réalisation de ma vision pour le pays. À mon arrivée au pouvoir, Madagascar était dans une situation très difficile. Tout était à reconstruire. Durant ma première primature, je me suis donc efforcé à remettre le pays sur les rails, en proposant une véritable stratégie en matière de développement, en installant les institutions, en réalisant d’importants projets dans les domaines sociaux et économiques.
La cohérence en politique, c’est de savoir faire marche-arrière pour garder le cap que l’on s’est fixé à la base
Pensez-vous avoir commis certaines erreurs lors de ces cinq années ?
Non. J’arrive dans une situation d’urgence et le choix évident aurait été de mettre l’accent sur le social pour tenter de satisfaire la population et éteindre les contestations. Mais c’est cela qui aurait été une erreur. Nous devons sortir du quotidien, pour travailler sur le long terme, sur des projets structurants. Et c’est ce que j’ai essayé de faire durant mon mandat.
On vous reproche pourtant votre indécision persistante durant ces cinq ans…
Ce n’était pas de l’indécision. J’ai voulu jouer la carte de la pédagogie et il faut du temps pour cela. Nous avions des priorités qui ont pu changer au fil du temps et des circonstances. Mais c’est aussi cela la cohérence en politique, de savoir faire marche-arrière pour garder le cap que l’on s’est fixé à la base. Il faut également se souvenir que je n’ai pas pu commencer à travailler dès le jour de mon investiture. Certaines institutions comme le Sénat n’existaient pas, les relations avec les bailleurs de fonds étaient au point mort et à cause des blocages liés à notre culture politique, j’ai dû attendre quatre mois, avant de pouvoir nommer un Premier ministre. Hors, le temps est le meilleur allié du politique. C’est pour cela que je me représente, pour avoir le temps de réaliser mon ambition pour Madagascar.
On vous accuse de ne pas avoir fait assez pour lutter contre l’insécurité qui règne ces dernières années dans le pays. Que répondez-vous ?
Ce n’est pas vrai. Nous avons combattu les réseaux de banditismes. Nous avons fait le maximum de ce que nous pouvions. J’ai rapidement été conscient du problème, mais il y a des choix à faire et des moyens à répartir. D’où la difficulté d’atteindre certains objectifs. Maintenant, il faut chercher les causes de cette insécurité. Surtout que l’ennemi vient de l’intérieur. Les kidnappeurs, les voleurs de zébus sont malgaches. Il ne fait aucun doute que la pauvreté est l’une des principales causes de cette insécurité, attisée également par l’absence de paix sociale.
>>> À LIRE : À Madagascar, l’inquiétant business des enlèvements
Votre entourage est également montré du doigt dans plusieurs affaires de corruption. Qu’avez-vous fait dans ce domaine ?
Cela fait partie des stratégies d’affaiblissement du pouvoir par les opposants. Je pense au contraire avoir maîtrisé ce dossier, en sanctionnant autour de moi, pour que chacun assume ses responsabilités.
Avez-vous l’impression de vous être endurci durant ces cinq dernières années ?
Je sors personnellement renforcé par cette expérience. Les bouleversements politiques que nous avons connus m’ont permis de mieux comprendre l’environnement, de mieux connaître les gens. Bref, de trier le bon grain de l’ivraie.
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