Sur la voie Royal
Publié le 27 novembre 2006 Lecture : 1 minute.
Ségolène Royal a bien mérité son heure de gloire. Son charisme, sa détermination et son style très personnel ont permis à la candidate à l’Élysée de surclasser ses concurrents socialistes. Mais un défi beaucoup plus difficile l’attend au cours des semaines et des mois à venir : elle doit prouver qu’elle est la forte femme que la France réclame à grands cris.
Le succès de Royal sur Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn est déjà, en soi, réconfortant. Les deux « éléphants » du PS sont, l’un et l’autre, expérimentés, intelligents et compétents. Mais tous deux sont aussi irrémédiablement marqués par des expériences gouvernementales antérieures : le premier sous la cynique présidence de François Mitterrand, le second pendant la confuse et incohérente cohabitation entre Lionel Jospin et Jacques Chirac.
En choisissant Ségolène Royal avec un score impressionnant de 60 % des 180 000 votants, les socialistes ont indubitablement montré qu’ils voulaient quelque chose – et, surtout, quelqu’un – de nouveau. C’est sans doute un signe de bonne santé. Reste à savoir dans quelle mesure Royal incarne vraiment le changement. Car de changement, la France a le plus impérieux besoin. Ce pays est confronté à deux énormes problèmes : de profondes fractures sociales et une incapacité permanente à s’adapter au monde environnant. À l’intérieur, ces clivages – mis en évidence, par exemple, par les émeutes des banlieues l’an passé – peuvent revêtir plusieurs formes. L’une d’elles est le gouffre qui sépare le peuple d’une classe dirigeante vieillissante.
Désormais candidate d’un grand parti, Ségolène Royal peut contribuer à réduire cette fracture. Comme Nicolas Sarkozy, son très probable futur adversaire, elle est consciente que le temps des présidences hautaines et impériales est révolu. Reste à la lady du Poitou-Charentes à prendre sérieusement en compte les conséquences de la mondialisation.
