Poker menteur à Tripoli

Une rumeur prête au fils et successeur présumé du « Guide » l’intention de s’installer à l’étranger. Coup de bluff ?

Publié le 27 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Il passe pour le successeur le plus probable du « Guide » de la Jamahiriya libyenne, son père. Pourtant, Seif el-Islam Kadhafi aurait l’intention de s’installer à l’étranger pour travailler dans une institution financière internationale. C’est en tout cas ce qu’a confié l’un de ses conseillers à une agence de presse, le 10 novembre. Une semaine plus tard, il a, pour la première fois, précisé la nature du différend qui l’oppose à son père. « Nos objectifs sont les mêmes, mais nous divergeons sur le timing, a-t-il confié, le 16 novembre, au quotidien italien Corriere Della Sera. S’agissant des réformes politiques et économiques, « la sagesse et l’expérience de mon père l’incitent à la lenteur. Moi, bien que conscient des risques, je suis partisan d’un traitement de choc. »
Pourtant, plusieurs de ses partisans à Tripoli ne croient guère à son expatriation. D’abord, parce que cela signifierait qu’il abandonne, fût-ce provisoirement, la scène politique libyenne. Ensuite, parce qu’il serait de facto contraint de renoncer à la direction du programme de développement et de réformes qui porte son nom. Or c’est son arme principale pour asseoir sa popularité. L’un des volets de ce programme concerne la mise à l’écart des corrompus dans l’entourage de son père et la libéralisation de la vie politique et des médias, dominés par les Comités révolutionnaires. Qui d’autre que lui pourrait se lancer dans l’aventure ? Le 1er septembre, Kadhafi a laissé entendre qu’il entend conserver deux fers au feu : d’un côté, Seif et son discours « libéral » pour circonvenir les Occidentaux ; de l’autre, Ahmed Ibrahim, le patron des Comités révolutionnaires.
Au bout de deux mois, Seif a-t-il compris que la cohabitation est décidément impossible ? S’est-il convaincu que le maintien de la vieille garde aux postes clés du pouvoir rend illusoire toute vraie libéralisation ? On murmure à Tripoli que les conservateurs soutiennent désormais Mootassem Kadhafi, son propre frère. Âgé de 32 ans, celui-ci est officier supérieur. Bien que son nom n’ait encore jamais été évoqué parmi les successeurs possibles, sa personnalité, ses accointances au sein de l’armée et les relations amicales qu’il entretient avec les chefs des services de sécurité peuvent faire de lui un candidat à la succession très présentable Si la réponse à toutes ces questions est oui, alors les rumeurs sur un éventuel exil de Seif pourraient n’être qu’une manière de faire pression sur le « Guide » afin de l’amener à trancher.

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