Moins de dettes, plus de liberté

Fort de l’équilibre retrouvé de ses fondamentaux, le pays veut reprendre la main dans la définition de sa politique économique.

Publié le 27 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Quid des effets de l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) ? Pour son premier budget post-PPTE, le gouvernement camerounais promet au Parlement une enveloppe de 2 251 milliards de F CFA, soit une augmentation de 390 milliards en valeur nette par rapport à 2006. Cette hausse spectaculaire est due essentiellement aux fonds générés par les mesures d’allègement et d’annulation de la dette, dont 70 milliards proviennent des Contrats désendettement-développement (C2D), le volet bilatéral français qui correspond à un refinancement par dons de l’aide publique au développement.
De ces fonds obtenus à la faveur de l’allègement de la dette, 14 milliards iront à l’éducation, 18 milliards à la santé, 25 milliards aux travaux publics et 12,5 milliards au développement urbain et à l’habitat. Le dispositif C2D suit le même ordre de priorités et contribue pour 12,5 milliards à l’éducation, 10,5 milliards à la santé publique, 24 milliards au développement urbain et 22 milliards aux travaux publics. Quant aux ressources propres, outre les recettes fiscales, elles sont en hausse grâce à l’augmentation des revenus pétroliers. Le Cameroun aurait déjà engrangé 37,872 milliards de droits de transit pour le pétrole tchadien.
Le projet de loi de finances s’inscrit dans le droit fil des recommandations du FMI et de la Banque mondiale, qui ont défini ces secteurs prioritaires au détriment, selon le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), d’une véritable politique de relance économique. Les patrons souhaitaient une baisse de la pression fiscale. Mais celle-ci n’est pas envisagée, même s’il n’y a pas de nouveaux impôts et qu’un effort d’assouplissement a été fait sur le régime fiscal du secteur boursier. Les patrons regrettent également qu’il n’y ait pas de mesures fortes susceptibles d’encourager l’investissement.
Peut-être auraient-ils été écoutés si le comité interministériel élargi au secteur privé s’était tenu avant que le projet de loi des finances soit bouclé. Pourtant, le comité a essayé de redonner une perspective à l’économie camerounaise à travers des résolutions audacieuses. Sous programme du FMI depuis 1988, le pays, fort de ses équilibres macroéconomiques, veut reprendre la main dans la définition de sa politique. Organisations patronales, syndicats professionnels et gouvernement se sont accordés sur le retour des plans quinquennaux, la création d’un guichet unique pour mettre un terme aux lourdeurs administratives et améliorer l’environnement des affaires, et le lancement d’un programme d’urgence de construction de 10 000 logements sociaux. Ce comité, censé formaliser les discussions entre secteur privé et gouvernement, préconise aussi une fiscalité d’exception pour les PME-PMI afin de leur donner un rôle moteur dans la croissance.

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