Maldives : sous le sable, l’islam
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Pour beaucoup, le nom de Maldives n’évoque qu’atolls de rêve, lagons cristallins bordés de sable blanc ou encore faune et flore sous-marines extraordinaires. Certes, l’archipel, situé dans le nord de l’océan Indien, au sud-ouest de la pointe méridionale de l’Inde, vit en grande partie grâce au tourisme (de 60 % à 70 % de son économie). Certes, les Maldives, constituées de 1 196 îles (dont seules 203 sont habitées), comptent des centaines de sites de plongée reconnus.
Et pourtant, ce paradis est aussi une nation musulmane rigoriste. Dans ce petit pays d’une superficie totale de 298 km2, l’islam est la seule religion légale. La quasi-totalité de ses 317 000 habitants sont de confession musulmane sunnite. Aucun autre culte n’y est autorisé, et il est même interdit d’y introduire des objets d’autres religions tels que des statuettes, des livres ou des insignes. Les souvenirs de ce type rapportés par des touristes ayant précédemment effectué un séjour en Inde ou au Sri Lanka, lorsqu’ils sont détectés par les douaniers, sont mis en consigne et ne sont restitués à leur propriétaire qu’au moment de leur départ.
Inutile de dire que la viande de porc et l’alcool n’ont pas non plus droit de cité, encore moins les revues ou les objets pornographiques ! Seuls les hôtels situés dans des îles où les Maldiviens n’ont pas la possibilité de se rendre peuvent servir la boisson interdite.
Sultanat islamique indépendant durant la majeure partie de son histoire, de 1153 à 1968, le pays, protégé par son insularité, a su préserver sa culture et son identité au cours des siècles. Il suffit de se rendre à Malé, la capitale, pour en avoir la preuve. Dans cette ville surpeuplée où près de 81 000 personnes vivent sur une superficie de 1,5 km2, les femmes sont toutes voilées. Ayant eu la mauvaise idée de me vêtir d’un chemisier à manches courtes et au sage décolleté, j’ai attiré nombre de regards masculins lubriques sinon meurtriers. Les choses se sont arrangées lorsque je me suis enroulée dans un sarong. J’ai pu ainsi continuer à arpenter la capitale de ce pays où il n’est permis aux résidents étrangers de conserver leurs habitudes que dans la sphère privée
D’ailleurs, comme pour se poser en gardien omniprésent de la foi et de la bienséance, le Centre islamique se dresse au cur de Malé. Avec son spectaculaire dôme doré qui domine la ligne d’horizon, le bâtiment, visible de toutes parts, symbolise l’importance de la religion islamique qui gouverne tous les aspects de la vie du pays depuis des siècles. Le Centre, qui date de 1984, comprend une mosquée pouvant accueillir 5 000 personnes, une bibliothèque religieuse, un centre de conférences, des salles de classe et des bureaux.
Une vingtaine d’autres mosquées sont disséminées dans la ville, dont Hukuru Miski, la plus ancienne, appelée aussi mosquée du Vendredi. Célèbre pour ses étranges sculptures sur pierre qui relatent l’introduction de l’islam dans l’archipel, ce lieu de culte fut construit en 1656 par le sultan Ibrahim Iskandar. Pendant quatre siècles, il servira de mosquée principale aux habitants de Malé, jusqu’à ce que celle du Centre islamique ne prenne le relais. Hukuru Miski est un petit bijou qu’on ne se lasse pas d’admirer. Ses magnifiques portes en bois s’ouvrent sur des sanctuaires aux panneaux finement ciselés. À l’extérieur se trouve un cimetière d’où s’élèvent des pierres tombales de coraux délicatement taillés où reposent plusieurs sultans. Des merveilles que malheureusement peu de touristes ont l’occasion d’admirer, la majorité d’entre eux se rendant directement de l’aéroport à l’un des lieux de villégiature très luxueux des autres îles
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