L’Iran promet de « contourner fièrement » les sanctions américaines

Les sanctions américaines contre les secteurs pétrolier et financier iraniens, entrées en vigueur lundi 5 novembre, sont jugées « illégales et injustes » par Téhéran, qui estime qu’elles vont « à l’encontre du droit international ».

Hassan Rohani, le président iranien © Vahid Salemi/AP/SIPA

Hassan Rohani, le président iranien © Vahid Salemi/AP/SIPA

Publié le 5 novembre 2018 Lecture : 4 minutes.

Le porte-avion Abraham Lincoln en 2012. Il navigue actuellement dans les eaux du Golfe. © Carlos M. Vazquez II/U.S. Navy
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Les États-Unis, l’Arabie saoudite, Israël et les Émirats d’un côté. L’Iran et ses alliés de l’autre. C’est le conflit auquel tout le monde se prépare mais dont personne ne veut, tant ses conséquences seraient dramatiques.

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Six mois après s’être retiré unilatéralement de l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015, le président américain Donald Trump a rétabli lundi les sanctions draconiennes qui avaient été levées sous Barack Obama. Le président iranien Hassan Rohani a promis de « contourner fièrement » ces nouvelles mesures – qui visent spécifiquement les secteurs pétrolier et financier, vitaux pour l’économie du pays.

« J’annonce que nous allons contourner avec fierté vos sanctions illégales et injustes, car elles vont à l’encontre du droit international », a répliqué le président Rohani dans un discours télévisé. « Nous sommes en situation de guerre économique et nous affrontons une tentative d’intimidation. Je ne pense pas que dans l’histoire américaine il y ait eu jusqu’à présent quelqu’un à la Maison Blanche qui contrevienne à ce point au droit et aux conventions internationales », a clamé Hassan Rohani.

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« L’Iran va mal »

Adoptant une politique hostile à l’Iran depuis son accession au pouvoir en janvier 2017, Donald Trump, pour qui l’accord sur le nucléaire est une aberration, avait rétabli dès août dernier une première série de sanctions économiques contre Téhéran. Samedi, le guide suprême iranien Ali Khamenei a accusé le président américain d’avoir « discrédité » les États-Unis qui, selon lui, seront les ultimes perdants de cette politique.

« L’Iran va mal », a de son côté relevé dimanche le président américain. « Quand j’ai pris mes fonctions, juste avant, on pensait que l’Iran allait dominer tout le Moyen-Orient (…). Plus personne n’en parle aujourd’hui ».

Les entreprises asiatiques ou européennes se verront interdites de marché américain si elles continuent d’importer du pétrole iranien

Les sanctions américaines s’apparentent à un chantage contre les pays tiers qui commercent actuellement avec l’Iran : les entreprises asiatiques ou européennes se verront interdites de marché américain si elles continuent d’importer du pétrole iranien, ou d’échanger avec des banques iraniennes ciblées par Washington. Beaucoup devraient choisir les États-Unis, ou l’ont déjà fait.

Huit pays bénéficieront toutefois d’une exemption pour le pétrole, dont la Turquie, et peut-être la Chine et l’Inde. La liste sera annoncée lundi. Ce régime de dérogations est similaire à ce que les États-Unis pratiquaient de 2012 à 2015, avant l’accord sur le nucléaire iranien négocié sous Barack Obama.

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Plus de 600 noms sur liste noire

À l’époque, la Chine, l’Inde, la Turquie, la Corée du Sud, le Japon et Taïwan ont notamment été épargnés par les sanctions américaines, au motif qu’ils réduisaient progressivement leurs importations de brut iranien. Des années plus tard, l’administration Trump a repris le même argumentaire.

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« Il y a une poignée de pays qui ont déjà réduit de façon importante leurs importations de brut et ont besoin d’un peu plus de temps pour atteindre zéro. Nous allons leur donner ce temps », a affirmé le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, dans une interview dimanche sur la chaîne Fox.

>>> À LIRE – L’accord sur le nucléaire iranien va dans le sens de l’Histoire

Concernant les sanctions financières, il a redit que plus de 600 individus et entités iraniennes seraient placés sur une liste noire. Un nombre supérieur à ceux qui en avaient été retirés après la conclusion de l’accord de 2015.

Le secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin, a expliqué la semaine dernière que les États-Unis souhaitaient déconnecter l’Iran du circuit bancaire international Swift, ossature du système financier mondial, comme c’était le cas de 2012 à 2016.

Moins 2,5 millions de barils exportés chaque jour

L’économie iranienne souffre déjà de nombreux maux. Les exportations de pétrole qui, selon la Banque mondiale, assurent 40% des recettes de l’État iranien, ont baissé de 2,5 millions de barils par jour – à 1,6 million en septembre. Pour continuer à écouler leur brut, les tankers iraniens se sont mis depuis quelques semaines à éteindre leurs transpondeurs afin de ne pas être repérés, mais des satellites les traquent.

Le premier marché pour le pétrole iranien est la Chine, suivie de l’Union européenne, de l’Inde et de la Turquie. Le Japon et la Corée du Sud ont quasiment réduit à zéro leurs importations.

Trump est prêt à rencontrer les dirigeants iraniens pour négocier un accord global sur la base de 12 conditions

Malgré l’animosité exprimée, Trump répète qu’il est prêt à rencontrer les dirigeants iraniens pour négocier un accord global sur la base de 12 conditions américaines : des restrictions beaucoup plus fermes et durables sur le nucléaire, mais également la fin de la prolifération de missiles et des activités jugées « déstabilisatrices » de Téhéran au Moyen-Orient (Syrie, Yémen, Liban…).

« Nous restons prêts à parvenir à un nouvel accord, plus complet, avec l’Iran », a répété vendredi le président américain. Mais les Iraniens ont déjà dit rejeter un dialogue avec Washington. « Il n’y aura pas de négociations avec les États-Unis », avait répondu en août l’ayatollah Khamenei.

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