Le prétendant chinois

Publié le 27 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Partie de très bas, la Chine est devenue en 2005 le troisième partenaire commercial de l’Afrique, devant la Grande-Bretagne et derrière les États-Unis et la France. Elle a beau être encore à certains égards un pays en développement, en tant que pays prêteur elle a dépassé récemment la Banque mondiale, ce qui en dit long à la fois sur l’ambition de la Chine et la générosité occidentale.
Les dirigeants chinois n’ont pas seulement fait venir leurs pairs africains à Pékin. Ces dernières années, ils ont aussi multiplié les voyages en Afrique à un rythme tel qu’ils laissent leurs homologues occidentaux loin derrière eux. Cette année, en l’espace de six mois, le président chinois, le Premier ministre ainsi que le ministre des Affaires étrangères ont tous les trois rendu visite à de nombreux pays du continent.

Il n’y a rien qui agace plus les milieux politiques africains que le manque de considération. Ils ont donc répondu avec enthousiasme à l’attention que leur porte la Chine. Les propos d’Olusegun Obasanjo, le chef de l’État du Nigeria, le pays le plus peuplé du continent, lors de la visite de Hu Jintao en avril dernier donnent le ton. « Selon nous, ce sera le siècle de la Chine. Elle dirigera le monde, a déclaré Obasanjo. Et quand vous le ferez, nous voulons être tout près, juste derrière vous. » Beaucoup d’Occidentaux ont considéré l’affirmation de la présence chinoise en Afrique comme une menace pour leurs intérêts. C’est faire montre d’une piètre compréhension des enjeux mondiaux ou tout simplement de mauvaise foi. Mais si l’intérêt nouveau que lui porte la Chine peut être une vraie chance pour l’Afrique, il peut aussi présenter de vrais dangers.

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Il est possible que les Africains en aient assez des sermons occidentaux sur la démocratie, le marché libre et les droits de l’homme, et en particulier de l’arbitraire, voire de l’hypocrisie, avec laquelle ils ont été mis en pratique quand ils se heurtaient à des intérêts plus tangibles. Avec le nouveau et ardent prétendant qui se présente, le sentiment d’allégresse est peut-être encore trop récent et trop puissant pour qu’on juge froidement ce qu’il propose exactement et qu’on sépare le bon grain de l’ivraie conformément aux intérêts africains.
Le problème, c’est que des lendemains qui ne chantent pas se profilent déjà à l’horizon. En termes de population, l’Afrique connaît la croissance la plus rapide de tous les continents. Selon les Nations unies, d’ici à 2025, elle devrait rattraper les 1,3 milliard de Chinois. En 2050, il y aura 1,94 milliard d’Africains. Aujourd’hui, une chose est sûre, c’est que ni le boom actuel des matières premières ni les ressources naturelles de l’Afrique ne vont durer indéfiniment. Avec une croissance aussi rapide de la population, la menace que représentent ces échanges commerciaux à tout-va qui ne prennent pas la peine de mettre les revenus en conformité avec les vrais besoins des Africains n’est pas une menace pour l’Occident. C’est une menace pour le monde entier.

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