Les négociants ivoiriens, victimes collatérales de la faillite de Saf Cacao

Le durcissement des conditions d’accès au crédit bancaire pourrait conduire certains négociants locaux à faire défaut sur leurs contrats d’exportation, faisant planer le risque d’une crise sur la filière cacao.

Usine de cacao

Usine de cacao

Publié le 6 novembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Depuis l’ouverture de la campagne de commercialisation de la récolte 2018-2019 le 1er octobre dernier, les opérateurs ivoiriens ne parviennent pas à obtenir des financements adéquats pour leurs opérations d’achat de cacao. Une situation qui fait de nouveau planer le spectre d’une crise dans la filière café cacao comme à la fin 2016 et au début 2017.

« L’environnement est de plus en plus intenable. Les banques ont rendu drastiques leurs critères de prêts, afin d’éviter d’être à nouveau exposées. L’affaire Saf Cacao a des répercussions sur les acteurs ivoiriens », confie à Jeune Afrique un opérateur local.

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Hausse du risque bancaire

La mise en liquidation de Saf Cacao a accru le risque bancaire, et a conduit les banques à renforcer les critères d’accès au financement dans tous les domaines de l’activité économique, et en particulier pour les entreprises ivoiriennes exerçant dans la filière. Le résultat net du secteur a chuté de 57 % au cours des trois premiers trimestres 2018, à 4,6 milliards de francs CFA (7 millions d’euros).

La dette bancaire de Saf Cacao est estimée à plus 160 milliards de F CFA. Certaines banques, comme la Société générale de banques en Côte d’Ivoire (SGBCI) ou Ecobank, ont déjà provisionné leurs comptes. Ce qui n’est pas encore le cas de plusieurs banques impliquées dans le dossier Saf Cacao.

Si cette situation perdure, certains locaux ne pourront pas exécuter leurs contrats

Difficulté des négociations

De grosses inquiétudes sur de probables défauts de contrats se profilent. « Si cette situation perdure, certains locaux ne pourront pas exécuter leurs contrats conclus avec le Conseil café-cacao », explique une source dans le négoce.

Dans cette configuration, les multinationales se frottent les mains. Sur le premier mois de la campagne, du 1er octobre au 3 novembre, l’américain Cargill se taille une part de lion avec des achats de plus de 72 000 tonnes sur un total de 330 000 tonnes.

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Le suisse Barry Callebaut, via sa filiale Saco, totalise environ 43 000 tonnes. Olam a cumulé des achats de 39 000 tonnes. Et le français Sucden, 27 000 tonnes.

Les Ivoiriens, eux, sont à la traîne. Le premier local qui pointe est Africa Sourcing, avec environ 14 000 tonnes. Le Collectif des exportateurs nationaux de cacao (CENCC) et le Groupement des négociants ivoiriens (GNI), les deux principales organisations de la filière cacao, multiplient les négociations avec les banques pour les rendre moins rigides. Mais, pour le moment, sans succès.

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