Maroc : la discrète réconciliation avec les anciens exilés islamistes
Condamnés à l’exil ou à la prison dans les années 1980 et 1990, les militants de l’organisation islamiste clandestine Chabiba Islamiya reviennent au compte-gouttes au Maroc, où une discrète politique de réconciliation a été mise en œuvre sous l’égide du Conseil national des droits de l’homme (CNDH).
Vendredi 2 novembre, leurs camarades islamistes étaient nombreux à l’aéroport de Casablanca pour accueillir Abdellatif El Idrissi et Abdelmoula El Khentache, de retour de leur exil français. Recherchés par la police marocaine, les deux sont des anciens membres de la Chabiba Islamiya (Jeunesse islamique), une organisation islamiste clandestine marocaine fondée à la fin des années 1960 – et aujourd’hui inactive. Condamné à mort par contumace, le premier n’avait pas foulé le sol du royaume depuis plus de 30 ans.
Les deux noms apparaissaient dans le dossier de l’attaque de l’hôtel Atlas Asni à Marrakech qui, en 1994, avait coûté la vie à deux touristes espagnols. En février et août 2018, Abdellah Biloul et Salah Bouhsiss, deux autres anciens sympathisants de la Chabiba – dont les noms avaient été cités dans la même affaire – , sont eux aussi revenus au Maroc.
Les islamistes ont l’impression d’avoir été tenus à l’écart d’une réconciliation réservée à la gauche
En 2004, cinq ans après l’accession au trône de Mohammed VI, l’État initiait l’Instance équité et réconciliation (IER), un programme visant à tourner la page des « années de plomb » du règne de Hassan II, marquées par la violence politique. Les islamistes ont souvent eu l’impression d’avoir été tenus à l’écart de ce processus de réconciliation qui aurait, selon eux, surtout concerné la gauche.
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Mais depuis quelques années, Rabat semble décidé à tourner la page de l’histoire violente qui l’a opposé à la frange dure du mouvement islamiste dans les années 1970 et 1980. En moins de cinq ans, c’est une vingtaine d’anciens militants recherchés et vivant en exil qui est revenue, selon Abdellah Lamari, avocat d’une partie d’entre eux – et lui-même condamné à dix ans de prison en 1984 pour son appartenance à la Chabiba.
Ouled Lahbib le précurseur
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