Alzheimer : ce qu’il faut savoir

Publié le 27 novembre 2006 Lecture : 3 minutes.

« Comment vous appelez-vous ?
– Auguste.
– Votre nom de famille ?
– Auguste.
– Comment s’appelle votre mari ?
– Auguste, je crois.
– Depuis combien de temps êtes-vous à l’hôpital ?
– Trois semaines »
Ce dialogue a eu lieu le 26 novembre 1901 à l’asile d’aliénés de Francfort-sur-le-Main, en Allemagne, dans le service du docteur Aloïs Alzheimer (1864-1917). La patiente qui faisait ces réponses s’appelait Auguste Deter. Elle était en réalité à l’hôpital depuis deux jours, amenée par son mari. Régulièrement, désormais, le psychiatre allemand allait suivre la perte des facultés mentales de madame D. Il quittera Francfort pour Heidelberg, puis Munich, mais quand il apprendra la mort de sa patiente en avril 1906, à l’âge de 55 ans, il se fera communiquer son cerveau. Cette longue recherche lui permettra de définir la démence dégénérative qui porte son nom : la maladie d’Alzheimer.
La maladie se caractérise essentiellement par des troubles de la mémoire, qui vont dans un premier temps de simples défaillances jusqu’à une perte quasi complète. La progression du déclin intellectuel est très variable et peut durer de un à quinze ans. La perte de mémoire s’accompagne d’une baisse des facultés de concentration, de troubles du langage, d’une incapacité à reconnaître les objets les plus usuels, et d’une désorientation temporo-spatiale : à cent mètres de chez soi, on ne sait plus où l’on est. La dernière phase est une démence complète.
La plupart du temps, les malades n’ont pas conscience de leurs déficits et l’on n’a pas l’impression qu’ils sont forcément malheureux, mais ils sont une charge de tous les instants pour leur entourage.
La maladie d’Alzheimer est devenue très commune. On estime à 5 millions le nombre de cas aux États-Unis pour une population de 300 millions d’habitants. Selon le Wall Street Journal, on en comptait 1 032 969 en 2000 pour près de 80 millions d’habitants en Allemagne, 758 229 en France pour environ 60 millions d’habitants et 791 205 pour une population comparable en Italie. Partout, plus de femmes que d’hommes en sont atteints : en France, en 2000, elles étaient 483 874 contre 274 355 hommes. Le tout dans une fourchette d’âge de 30 à 99 ans. Les victimes américaines les plus célèbres sont, bien sûr, Ronald Reagan et Rita Hayworth.
La maladie d’Alzheimer n’est pas une maladie du vieillissement, mais une maladie du cerveau. L’un des mérites d’Alzheimer est d’avoir surmonté le « dogme anatomique ». Au tournant du XXe siècle, beaucoup de psychiatres – et de psychanalystes – allemands étaient en effet convaincus que les maladies de la pensée n’avaient rien à voir avec l’anatomie du cerveau. Grâce à l’invention par Franz Nissi d’une méthode de coloration des tissus et aux travaux d’Ernst Leitz et de Carl Zeiss sur le microscope, Alzheimer put prouver que l’altération des fonctions cognitives s’accompagnait effectivement de ce qu’on appelle des « modifications neurohistologiques », donc de lésions matérielles, et faire, le 3 novembre 1906 à la 37e réunion des psychiatres d’Allemagne du Sud-Ouest, un exposé historique « sur une curieuse maladie du cortex ».
« La maladie d’Alzheimer, explique le professeur Michel Poncet, est définie par la présence dans le cortex cérébral de deux types de lésions caractéristiques : les plaques séniles et les dégénérescences neurofibrillaires. Les premières sont des amas qui se déposent dans le cerveau, à l’extérieur des neurones ; les secondes correspondent à des déformations du squelette des cellules nerveuses. » Ces lésions se développent dans des régions du cerveau impliquées dans l’apprentissage des faits nouveaux. D’où les conséquences d’abord évidentes sur la mémoire.
Les recherches des laboratoires s’orientent sur deux axes essentiels : la consolidation de la fonction cognitive et la lutte contre la formation des plaques. Mais il n’existe pas actuellement de moyen de guérir la maladie d’Alzheimer.

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