Main tendue de Mohammed VI : l’Algérie entre silence et méfiance

Si l’Algérie n’a pas officiellement réagi à la main tendue mardi soir par Mohammed VI, le discours du roi du Maroc interroge, fait douter ou au contraire enthousiasme les observateurs, dont certains se prennent à rêver d’un Maghreb à nouveau unifié.

Mohammed VI, en mai 2017 lors d’une rencontre avec François Hollande, à l’Élysée. © Michel Euler/AP/SIPA

Mohammed VI, en mai 2017 lors d’une rencontre avec François Hollande, à l’Élysée. © Michel Euler/AP/SIPA

CRETOIS Jules

Publié le 8 novembre 2018 Lecture : 4 minutes.

« Une nouvelle manœuvre du roi du Maroc ? » La « Une » du quotidien francophone algérien El Watan est peu amène avec le discours de Mohammed VI, qui a proposé mardi à l’Algérie « la création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation ». La tonalité de l’article est pour le moins méfiante : sa chute met notamment en garde contre les « coups de bluff » auxquels Rabat aurait habitué Alger.

Abdelaziz Rahabi, ancien ministre algérien de la Communication et diplomate, se montre également prudent. Pour lui, Alger attendra la rencontre onusienne à Genève sur le règlement du conflit au Sahara occidental pour répondre au Maroc. « Le discours donne le sentiment, faux, que l’Algérie est seule responsable du blocage », estime le diplomate, citant en particulier ce passage de l’allocution royale : « Le Maroc est ouvert à d’éventuelles propositions et initiatives émanant de l’Algérie pour désamorcer le blocage dans lequel se trouvent les relations entre les deux pays voisins frères. »

En diplomatie, le timing compte. À l’occasion de la fête du Trône, cela serait mieux passé

Le changement de ton de Mohammed VI ne lui a toutefois pas échappé. « Il est très aimable, alors que de manière récente, il avait été plutôt virulent à l’endroit de l’Algérie », remarque-t-il. Et l’ex-ministre algérien de s’interroger : « Pourquoi faire cette annonce lors du discours de commémoration de la Marche verte ? En diplomatie, le timing compte. À l’occasion de la fête du Trône, cela serait mieux passé. »

Le dilemme algérien

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