Anthony Zinni, le général qui veut la peau de Rumsfeld

Publié le 27 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

On le surnomme « le Parrain ». Parce qu’il est d’origine italienne et qu’il fut l’un des chefs les plus respectés de l’armée américaine. Depuis des mois, Anthony Zinni ne cesse de dénoncer les risques de l’intervention en Irak. Aujourd’hui que les faits paraissent lui donner raison, il estime que « des têtes doivent tomber ». Lesquelles ? Il omet de le préciser, mais son aversion pour le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld est notoirement telle qu’il ne faut sans doute pas chercher très loin.
Bien entendu, Zinni n’a rien d’un pacifiste enflammé : général quatre étoiles et ancien du Vietnam, il fut le patron du Commandement militaire central (Centcom) pour le Moyen-Orient, l’Afrique et l’ex-URSS, avant de prendre sa retraite, il y a trois ans. Nommé envoyé spécial de la Maison Blanche au Moyen-Orient en novembre 2001, il sera quelques mois plus tard écarté par George W. Bush. Sans ménagements excessifs.
Dès le mois d’août 2002, le général estimait que la volonté d’intervenir militairement en Irak témoignait d’une « complète méconnaissance de l’histoire et des réalités de ce pays » et d’une grave sous-estimation des « risques de division » induits par le renversement de Saddam Hussein. Un an plus tard, dans une interview à un journal italien, il s’inquiétait d’une possible « guerre civile et religieuse » et appelait de ses voeux « l’intervention massive de la communauté internationale », et singulièrement des pays musulmans, aux côtés des forces américaines. Cela ressemblait furieusement à la « doctrine Powell » mise au point naguère par le grand rival de Rumsfeld au sein de l’administration Bush…
Nouveau cri d’alarme, le 4 septembre, sur la chaîne PBS : Zinni redoute de voir les GI’s s’enfoncer peu à peu dans le « bourbier » irakien. Trois semaines plus tard, sur ABC cette fois, il confie qu’il n’a jamais cru à l’imminence de la menace irakienne (« Tout ce que Saddam possédait, c’était le cadre général d’un programme d’armes de destruction massive qui aurait pu être rapidement activé après la levée des sanctions », explique-t-il). Il se déclare « déçu » par la préparation de l’opération Liberté pour l’Irak (« peu claire et sans doute irréaliste ») et s’inquiète de la situation des soldats américains, sur le terrain : « Je vois qu’ils sont soumis à une tension extrême, qu’ils pourraient atteindre un point de rupture. »
Pour Rumsfeld, les accusations de Zinni sont « un non-sens absolu ». Mais leur virulence même semble bien traduire l’isolement croissant du secrétaire à la Défense au sein de l’administration. D’ailleurs, à Washington, la rumeur de son possible limogeage court les salles de rédaction. On aimerait y croire…

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