Zhor Rehihil

Musulmane et militante propalestinienne, elle est depuis quatre ans conservatrice du Musée juif de Casablanca.

Publié le 27 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Casablanca. Dans une rue tranquille du quartier de l’Oasis, une villa discrète et sous haute surveillance. À l’extérieur, une inscription qui passe presque inaperçue : « Musée ». Dédiée au judaïsme, cette institution est la seule du genre dans le monde arabe. Une situation que Zhor Rehihil, sa conservatrice, trouve à la fois triste et illogique : la présence juive en terre arabe ne remonte-t-elle pas à la nuit des temps, ou presque ? « La culture marocaine est d’abord arabo-musulmane, mais elle comprend aussi des éléments berbères, africains, juifs et andalous », poursuit la jeune femme, qui est de confession musulmane, mais se passionne pour la question depuis l’adolescence. Paradoxalement, c’est son militantisme propalestinien (collégienne, elle organisait des soirées où l’on récitait des poèmes de Mahmoud Darwich) qui l’incitera à s’intéresser de près à la culture hébraïque. « À l’époque, tout ce que je voyais, c’était que des Israéliens massacraient des Palestiniens, je n’avais rien compris », se souvient-elle. En 1987, son bac en poche, elle s’inscrit à l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine, à Rabat. Quatre ans plus tard, elle consacre son mémoire de fin d’études en anthropologie-ethnologie à la minorité juive marocaine. « Je voulais comprendre l’Autre, le connaître, découvrir s’il existe une différence entre ce juif-là et celui qui vit en Israël ».

En 1995, lors de la création de la Fondation de la communauté juive de Casa, Simon Lévy, son secrétaire général, fait appel à Zhor Rehihil. En 2000, celle-ci est nommée conservatrice du musée, créé deux ans auparavant. Dans l’intervalle, elle avait sillonné le Maroc en compagnie de Lévy, en quête de sites et d’objets de la judaïca marocaine. « On n’a pas trouvé grand-chose, car dès les années 1920, tout était parti dans les grands musées juifs d’Europe et des États-Unis. » L’établissement possède pourtant de belles collections d’objets de culte, de meubles, de bijoux et de vêtements. Freiner la vente de ces pièces à l’étranger en sollicitant la fibre nationaliste de leurs propriétaires est l’une de ses missions prioritaires. L’autre étant d’« ouvrir cette institution juive aux non-juifs et de susciter des rencontres interconfessionnelles ».

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