Yusuf Islam excommunié

Publié le 27 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Le vol de United Airlines assurant la liaison Londres-Washington, à bord duquel l’ancienne pop-star Cat Stevens, alias Yusuf Islam depuis sa conversion à l’islam, avait pris place, a été dérouté le 21 septembre sur Bangor, dans le Maine (Nord-Est). L’ex-chanteur britannique a ensuite été rapatrié de force sous escorte policière. Son nom figurait sur une liste de personnes non grata pour des « raisons de sécurité nationale ». On lui reproche ses activités qui « pourraient être potentiellement liées au terrorisme ». Le FBI précise, sans apporter le moindre élément de preuve, que ses activités se seraient même radicalisées récemment. En clair, on soupçonne Yusuf Islam, entre autres, d’avoir soutenu financièrement des groupes islamistes comme le Hamas. Une accusation déjà portée contre lui en 2000 par Israël, qui l’avait refoulé de son territoire.

Fils d’un Grec chypriote et d’une Suédoise, élevé dans la religion grecque orthodoxe et devenu star mondiale dans les années 1970, Stephen Dimitri Georgiou n’a pourtant pas le pedigree d’un terroriste. En 1977, il décide d’embrasser l’islam et change de vie, de look et de nom. Artiste adulé, il est alors au sommet d’une carrière qui lui a permis de vendre plus de vingt-cinq millions d’albums. Ses ballades, comme « Wild World », « Moonshadow » et « My Lady D’Arbanville », deviennent des classiques du genre.
Jusqu’ici, il n’avait renoué avec sa vie antérieure que pour enregistrer, en 1995, un CD sur la vie du Prophète, et participer, en 2002, à Johannesburg, à travers deux vieux succès « revisités », dont le célèbre « Peace Train », à un album enregistré au profit de War Child, une association d’aide aux enfants victimes de la guerre. En 1983, il vend tous les souvenirs de sa carrière pour financer, à Londres, une école coranique qui recevra, en 1997, le très prisé statut d’établissement d’État. Ses spectacles au profit d’oeuvres sociales en Bosnie, au Kosovo ou en Afghanistan, et ses condamnations des attentats du 11 septembre étaient de notoriété publique. « Aucun musulman sain d’esprit ne pourrait accomplir de tels actes », clamait-il à chaque fois.

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Considéré en Grande-Bretagne comme un « sage » – les hommes politiques et les membres de la famille royale, comme le prince Charles, ne se privent pas de s’afficher régulièrement à ses côtés, il a réussi à faire oublier son soutien de naguère (non assumé) à la fatwa condamnant à mort l’écrivain Salman Rushdie. Yusuf Islam, 57 ans, qui se présente comme un homme de paix, s’est dit « totalement choqué » par cette interdiction qu’il entend contester devant les tribunaux. Le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw a protesté auprès du secrétaire d’État Colin Powell contre « cette décision qui n’aurait pas dû être prise ».

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